Qui sait que l’Europe verse des milliards à la France ?

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icone Extrait de l'hebdo n°3983

L’Union européenne a distribué à bas bruit plus de 15 milliards d’euros à la France en 2023. Dans un avis adopté le 15 octobre, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) formule plusieurs recommandations afin de rendre visible son action auprès des citoyens et d’améliorer l’accès aux aides européennes.

Par Guillaume LefèvrePublié le 21/10/2025 à 12h30

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© Cese

15,4 milliards d’euros : c’est le montant des aides qui ont ruisselé depuis Bruxelles vers la France en 2023, venant irriguer les territoires et le tissu économique français. Parmi ces fonds, 9,6 milliards ont alimenté la politique agricole commune (PAC) et 2,3 milliards ont été alloués aux politiques de cohésion sociale et de développement du territoire ; 2,5 autres milliards d’euros ont été fléchés vers la recherche, les infrastructures et l’action humanitaire… Seulement voilà : qui est au courant ? Pas les Français, en tout cas, si l’on en croit le sondage Eurobaromètre portant sur la connaissance et les perceptions de la politique régionale de l’UE. « Peu de Français savent que le dispositif MaPrimeRénov’ est en partie issu de financements européens », pointe par exemple le Conseil économique, social et environnemental.

“L’Union européenne est partout, mais personne ne le sait”

« L’Union européenne est partout, mais personne ne le sait », résume Catherine Pajares y Sanchez, corapportrice de l’avis du Cese intitulé « Complexité des aides de l’Union européenne et visibilité de son action ». Celle qui est aussi présidente du groupe CFDT au Cese rappelle que ce déficit de reconnaissance alimente les populistes et autres détracteurs de l’Union européenne. « Elle est souvent perçue comme trop technocratique par les Français et déconnectée de leurs préoccupations alors qu’elle a un impact réel sur leur vie quotidienne », résume Catherine Pajares y Sanchez, soulignant au passage la responsabilité des acteurs, de l’échelle nationale à l’échelon local, qui s’approprient les résultats permis par les financements européens sans jamais en mentionner l’origine.

L’avis du Cese, adopté à l’unanimité des groupes le 15 octobre dernier, ne dit d’ailleurs pas autre chose. « Traiter de l’efficacité et de la visibilité des aides européennes, c’est soulever une question démocratique. Leur complexité, réelle ou perçue, et la méconnaissance de leur impact sur la vie quotidienne alimentent l’incompréhension de l’action européenne, voire la défiance vis-à-vis de l’UE. » Un statu quo qui ne plus durer.

Quinze propositions

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Afin d’opérer un changement de paradigme, le Cese formule quinze recommandations allant d’une simplification de l’accessibilité des financements européens pour les petites et moyennes structures à l’intégration d’organisations de la société civile dans les comités de programme pour tous les appels à projets en gestion directe. Enfin, l’institution appelle chaque région à mettre en place une plateforme numérique offrant une information complète sur les aides européennes qu’elle administre.