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Les syndicats français et allemands appellent à renforcer le modèle social européen

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icone Extrait de l'hebdo n°3973

À Berlin, le 1er juillet, s’est tenu un sommet social franco-allemand autour des enjeux du travail et de la protection sociale. Y étaient réunis les ministres du Travail et les partenaires sociaux des deux pays. Durant ce rendez-vous tripartite, en prévision d’un Conseil des ministres commun à la fin août, la CFDT a invité les gouvernements à ne pas céder à une logique de dérégulation économique et sociale.

Par Guillaume LefèvrePublié le 08/07/2025 à 12h05

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© Thomas Rafalzyk

« Adapter le monde du travail et les systèmes de sécurité sociale dans un contexte de nouveaux défis économiques mondiaux » : telle était l’ambition affichée de ce sommet social franco-allemand. Un rendez-vous réunissant Astrid Panosyan-Bouvet, la ministre du Travail et de l’Emploi, son homologue allemande, Bärbel Bas, et les partenaires sociaux des deux pays. « Dans des temps particulièrement troublés, il est important de travailler ensemble, a rappelé la ministre allemande. Nous voulons faire avancer un certain nombre d’objectifs ensemble et trouver des solutions sur les questions du travail et les questions sociales qui pourraient servir de modèle pour les autres pays européens. »

Des problématiques similaires dans les deux pays

« Nous avons besoin de parler de travail et d’emploi, lui a répondu la ministre du Travail française. On observe une convergence des enjeux dans nos deux pays [que ce soit sur] l’enjeu démographique, avec une société vieillissante, l’enjeu technologique, avec le risque de décrochage de l’Union européenne, ou […] sur l’insertion des jeunes et la soutenabilité de la protection sociale. »

Selon la CFDT, la reprise des échanges tripartites franco-allemands dans cette période cruciale est une bonne nouvelle. Attention, toutefois, aux orientations que prendront les gouvernements. « Nous rappelons que les solutions coordonnées et la convergence ne pourront se produire au détriment de nos objectifs sociaux et environnementaux. Elles doivent se faire par le haut », a souligné Patricia Ferrand, responsable du service emploi à la Confédération, qui comptait parmi les membres de la délégation CFDT. « Nous ne sommes pas opposés au fait de réfléchir à la manière d’améliorer notre modèle, mais nous combattons une approche strictement budgétaire, qui conduit à des propositions injustes. »

Les mauvais signaux envoyés par la Commission européenne

Dans les prochains mois, il sera essentiel que le couple franco-allemand impulse une dynamique au sein des Vingt-Sept. « La Commission européenne ne doit pas céder à la logique de dérégulation promue par Trump, qui remet en cause, au nom d’une compétitivité dévoyée, les fondements mêmes de notre modèle social européen », prévient Hélène Deborde, du service Europe & international confédéral.

De gauche à droite : Hélène Deborde, Kristian Bongelli, Patricia Ferrand et Astrid Panosyan-Bouvet…
De gauche à droite : Hélène Deborde, Kristian Bongelli, Patricia Ferrand et Astrid Panosyan-Bouvet…© Thomas Rafalzyk

Or les signaux envoyés par les gouvernements européens ne vont ni dans le sens de l’Histoire ni dans le sens du progrès social. En effet, le 23 juin, le Conseil de l’UE s’alignait sur la position de la Commission européenne concernant la réduction des exigences de reporting relatif aux obligations de publication d’informations en matière de durabilité à l’égard des entreprises (CSRD) et de devoir de vigilance raisonnable des entreprises (CS3D). Dans ce contexte, l’ambition de la ministre du Travail allemande de « réanimer le marché du travail et de le rendre plus compétitif, pour mieux se confronter à la concurrence extérieure », interpelle la CFDT.

Un Conseil des ministres franco-allemand fin août

Alors qu’un Conseil des ministres franco-allemand doit se tenir à la fin août, la CFDT a profité de ce sommet social afin d’avancer plusieurs propositions permettant de concrétiser la convergence franco-allemande ; celles-ci pourraient être soutenues des deux côtés du Rhin dans les prochaines semaines. Parmi ces propositions, on retient le soutien à un programme d’investissements publics et privés de décarbonation (pour soutenir la demande d’acier au service d’une transition juste), la mise en place de mesures de protection européennes (taxe carbone, conditionnalité sociale et environnementale, préférence européenne concernant les achats publics et privés) et, évidemment, un dialogue social exigeant.

Le “travailler tous, travailler mieux” de la CFDT

Quant aux questions d’emploi à proprement parler, la CFDT continue d’opposer au « travailler plus », évoqué par une frange de la classe politique, sa doctrine « travailler tous, travailler mieux ». « Il est indispensable de parler de qualité de l’emploi et du travail pour lutter contre la précarité et les conditions de travail dégradées. L’Europe doit protéger ses travailleurs, elle ne peut pas se construire contre eux, elle doit se construire avec eux et pour eux. »

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Cela passera par la mise en œuvre à l’échelle européenne de quatre grands principes : « une indemnisation chômage de bon niveau, un droit universel à la formation et à la reconversion, un statut social protecteur pendant les périodes de transition et un accompagnement personnalisé », rappelle Patricia Ferrand.