Temps de lecture 5 min
Extrait de l'hebdo n°3990
Le 4 décembre, les membres (dont la CFDT) du réseau syndical franco-allemand de défense de la démocratie se sont retrouvés à Metz. Ils y ont partagé leurs expériences et travaillé à l’élaboration d’actions communes.

Le 16 avril 2025, à la veille des élections européennes, la Confédération allemande des syndicats (DGB) et ses homologues français de la CFDT, de la CGT et de l’Unsa ont décidé, lors d’un événement intersyndical organisé à Paris, de mener conjointement le combat contre l’extrême droite. « Ensemble, nous entendons créer des convergences pour être porteurs d’idées et de nouvelles initiatives [afin de] promouvoir la solidarité européenne. Ensemble, nous réussirons à faire face à l’autoritarisme et l’extrême droite et à construire une Europe sociale dans l’intérêt général des populations », écrivaient-ils lors du lancement de ce réseau, qui allait quelques mois plus tard prendre une tournure officielle.
Le 4 décembre, le quartet franco-allemand s’est retrouvé à Metz (Moselle / Grand Est), sous l’égide de la Friedrich Ebert Stiftung1, afin d’échanger sur les pratiques syndicales des uns et des autres face à l’extrême droite et d’évoquer de possibles actions intersyndicales. La CFDT a notamment présenté sa Tournée Démocratie, la CFDT Journalistes son livret de ressources et conseils « Face à l’extrême droite » et le DGB son réseau de référents.
Renouvellement des instances du personnel en Allemagne en 2026
« Il est important de voir comment chacun s’organise en vue de combattre l’influence de l’extrême droite sur le lieu de travail, voir comment il est possible de se nourrir les uns les autres et de construire un projet alternatif commun », affirme Thibaud Kurtz, délégué CFDT à la démocratie et à la lutte contre l’extrême droite. « C’est une période cruciale », insiste d’ailleurs le DGB, qui a renforcé ces formations et son outillage militant. Il faut préciser qu’il est confronté à l’entrisme de l’extrême droite et à sa stratégie d’implantation dans les entreprises – à l’image du syndicat Zentrum Automobil (ZA) dans l’industrie automobile, proche de l’AfD2, parti connu pour ses références régulières au nazisme et son projet de « remigration », qui consiste à vouloir expulser d’Allemagne 2 millions de personnes. Or, en 2026, les travailleurs allemands seront appelés à renouveler leurs 35 000 instances représentatives du personnel.
« Il ne suffit plus de dire que l’AfD est raciste et misogyne ; il faut expliquer aux travailleurs pourquoi son accession au pouvoir impacterait concrètement leurs intérêts. » Chez nos voisins, le Brandmauer (barrage) a commencé à se fissurer. Une organisation patronale, l’association des entreprises familiales, laissait récemment entendre que le parti néonazi était un interlocuteur comme un autre, avant de rétropédaler face au tollé provoqué par une telle déclaration.
“La dynamique est enclenchée”
« Chacun a pu expliquer son mode de fonctionnement, exprimer ses attentes et clarifier ses besoins, résume Hélène Deborde, secrétaire confédérale du service International-Europe de la Confédération. La dynamique est enclenchée. » Si le format et les modalités ne sont pas encore définis, des actions communes sont d’ores et déjà envisagées. Dans le courant de l’année 2026, une task force3 franco-allemande de formateurs devrait intervenir lors des formations syndicales proposées dans chacun des deux pays. Enfin, en 2027, un manifeste franco-allemand intitulé « Si la France tombe, l’Allemagne tombe » devrait être publié.