Dix ans après avoir accueilli 1,2 million de réfugiés, l’Allemagne dresse le bilan

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icone Extrait de l'hebdo n°3978

Wir schaffen das (“Nous y arriverons”) : c’est en ces termes que l’ex-chancelière allemande Angela Merkel évoquait, en 2015, le défi de l’intégration de 1 200 000 réfugiés. Les données publiées en août 2025 par l’Institut de recherche sur le marché du travail et les professions (IAB) lui donnent raison.

Par Guillaume LefèvrePublié le 16/09/2025 à 12h00

L’Allemagne a accueilli 1,2 million de réfugiés quand, pendant la même période, la France en accueillait seulement 150 000…
L’Allemagne a accueilli 1,2 million de réfugiés quand, pendant la même période, la France en accueillait seulement 150 000…© Jens Kalaene/Zuma-RÉA

Au lendemain de la parution de l’étude de l’institut de recherche allemand IAB sur l’intégration des réfugiés en Allemagne, le DGB ne cachait pas son enthousiasme face à ce qui passait, en 2015, pour le pari fou d’Angela Merkel. « Ensemble, nous accomplissons souvent plus que ce que nous pensons pouvoir faire. Qui aurait cru cela possible il y a dix ans ? », réagit la Confédération allemande des syndicats. Il faut dire que les chiffres de l’IAB sont implacables : 69 % des réfugiés arrivés en Allemagne en 2015 et 2016 ont aujourd’hui un emploi (dont 5 % en tant qu’indépendants).

Un taux d’emploi des réfugiés relativement élevé

En 2023, ils percevaient un salaire brut moyen de 2 297 euros en 2023 (contre 2 675 euros en moyenne pour l’ensemble de la population active allemande). L’étude révèle également que le taux d’emploi des réfugiés est identique à celui de l’ensemble de la population allemande. Il est même supérieur (76 %) pour les hommes réfugiés des huit principaux pays d’origine des demandeurs d’asile – parmi lesquels la Syrie, l’Afghanistan et l’Irak. En outre, 84 % d’entre eux subviennent à la totalité de leurs besoins par leur propre travail.

Le DGB, qui salue une réussite, reste lucide. « Bien sûr, tout ne se passe pas bien. Beaucoup de réfugiés perçoivent des salaires bas, et trop peu de femmes occupent un emploi rémunéré. » Alors qu’elles représentent un réfugié sur trois, les femmes ne sont que 35 % à travailler. L’IAB rappelle par ailleurs que si le taux de chômage des demandeurs d’asile reste élevé (28,3 % en 2024), il était de 40,2 % en 2017.

Besoin d’immigration pour continuer à prospérer

À l’heure où le parti d’extrême droite AfD – qui s’est imposé comme la première force politique dans certains Länder – agite les peurs et multiplie les contrevérités, le DGB redit sa détermination à poursuivre son action en faveur de l’accueil et de l’intégration des réfugiés dans le monde du travail et en dehors. À quelques mois des échéances électorales pour plusieurs parlements régionaux (Bade-Wurtemberg [8 mars 2026], Rhénanie-Palatinat [22 mars 2026] et Saxe-Anhalt [6 septembre 2026]), il ne fait aucun doute que les sujets de l’immigration et de l’intégration des réfugiés reviendront sur le devant de la scène. Or, selon le DGB, « l’Allemagne a besoin de l'immigration pour continuer à prospérer. Les décisions politiques ne doivent pas aller dans l'autre sens, elles ne doivent ni exclure, ni stigmatiser. Nous resterons vigilants et rappellerons ces réussites ».