VTC, livreurs : Union-Indépendants se fait entendre

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icone Extrait de l'hebdo n°3971

Les organisations syndicales représentatives des livreurs et des VTC ont été reçues deux fois par la ministre du Travail, en lien avec le ministère des Transports, ces derniers jours. Le gouvernement hausse le ton contre les plateformes.

Par Fabrice DedieuPublié le 24/06/2025 à 12h00

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© Sophie Palmier/RÉA

Le sort des travailleurs de plateformes semble enfin intéresser le gouvernement. De fait, les organisations syndicales représentatives des livreurs (dont Union-Indépendants) ont été de nouveau reçues, le 16 juin dernier, par la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, en lien avec le ministère des Transports et en présence de multiples administrations concernées. « Les plateformes sont une innovation importante au service du développement économique, à condition d’être régulées. Car l’indépendance n’est pas le cache-misère de l’absence de droits », a déclaré la ministre en ouverture de la réunion.

Sur la table, deux sujets principaux : tout d’abord, le dialogue social et les rémunérations. Le premier se révèle inefficace – trop souvent parce que les plateformes refusent de partager des données, ce qui ne permet pas d’avancer sur le second, à propos des rémunérations. Ensuite, l’autre sujet, c’est la directive européenne relative aux travailleurs des plateformes, dont la transposition va bientôt commencer. Les enjeux sont importants puisque ce texte prévoit notamment une transparence des algorithmes utilisés par les plateformes ainsi qu’une présomption de salariat, avec une charge de la preuve qui incombe aux plateformes. Le gouvernement y voit l’opportunité de renforcer les droits des travailleurs.

Le pouvoir d’autorité de l’Arpe réaffirmé

« C’était une réunion utile », affirme Fabian Tosolini, le délégué national d’Union-Indépendants. Il ajoute : « La ministre a réaffirmé le pouvoir d’autorité de l’Arpe1 si les plateformes ne respectent pas le jeu de la négociation. Le message aux plateformes, c’était soit vous rentrez dans le rang, soit on passe par la loi. »

Quelques jours plus tôt, le 2 juin, c’était au titre d’organisation représentative des VTC2 qu’Union-Indépendants était reçue par la ministre du Travail et celui chargé des Transports, Philippe Tabarot. Une conséquence inattendue de la colère que les taxis ont laissé éclater ces dernières semaines, laquelle a eu le mérite de remettre l’accent sur les VTC.

De l’afflux constant de nouveaux chauffeurs à la précarisation de l’activité de VTC en passant par la régularisation du secteur… : là aussi, les sujets du moment ont été posés sur la table. En face, le message semble avoir été reçu. Une mission inter-inspection doit notamment être lancée afin d’« analyser les différentes voies d’accès à l’activité de chauffeur VTC » et de travailler sur une professionnalisation accrue du métier. L’autorité de l’Arpe sera réaffirmée pour aider à la négociation collective.

“Satisfaits mais prudents”

Côté Union-Indépendants, on se dit « satisfaits mais prudents, car nous ne sommes pour l’instant que sur des annonces », précise Fabian Tosolini. Cela étant dit, « nous n’avions jamais entendu un gouvernement aussi vindicatif envers les plateformes ». Concernant le dialogue social au sein de l’Arpe, « le gouvernement semble agacé des comportements d’obstruction dans la négociation de la part des plateformes. C’est une bonne chose ! ».

À propos de l'auteur

Fabrice Dedieu
Journaliste

En vue de maintenir la pression, et alors que les annonces ministérielles doivent se concrétiser, les VTC se sont mobilisés dans plusieurs villes de France comme Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Lille et Nantes, les 10 et 11 juin. « Une mobilisation réussie, affirme Fabian Tosolini. À Rennes, par exemple, près d’un tiers des VTC recensés dans la ville se sont mobilisés, en se rassemblant et en se déconnectant. Maintenant, il faut que le gouvernement tranche… et que ça bouge ! »