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Extrait de l’hebdo n°3864
D’ici à 2027, le principe de contracyclicité introduit par l’exécutif dans les règles d’assurance chômage devrait se traduire par une baisse de 12 % des allocataires indemnisés.

C’est ce que l’on appelle un effet collatéral. Excédentaires en 2022 pour la première fois depuis quinze ans, les comptes de l’assurance chômage devraient progresser sur la voie du désendettement. C’est en tout cas ce qui ressort des prévisions financières de l’Unédic présentées à la fin février, le régime paritaire envisageant un excédent record pour la période 2023-2025. Dans le détail, l’Unédic anticipe un excédent de 3,8 milliards d’euros en 2023, de 4,7 milliards en 2024 et de 8,6 milliards en 2025.
De fait, les comptes de l’Unédic sont portés par l’inflation – qui entraîne des augmentations de salaires et donc des cotisations – et par un taux de chômage au plus bas depuis 2008. « La situation du marché de l’emploi s’améliore », résume le vice-président de l’Unédic, Jean-Eudes Tesson.
1. Elle exigeait 6 mois de travail sur les 24 derniers mois précédant la fin du dernier contrat pour être indemnisé (contre 4 mois sur les 28 derniers mois auparavant) et instaurait une dégressivité des allocations de 30 % dès le septième mois pour les revenus supérieurs à 4 500 euros.
Mais il faut surtout considérer l’effet des réformes successives de l’assurance chômage pour mieux comprendre cette embellie. « Les règles de la réforme de 2021 ont déjà produit leurs effets », le gros desdits effets étant attendu « d’ici trois ans », affirme Patricia Ferrand, présidente (CFDT) de l’Unédic. Outre la réforme de 20191 (entrée en vigueur en 2021), c’est bien la réduction de la durée d’indemnisation de 25 % après six mois d’indemnisation en cas de conjoncture favorable (entrée en vigueur au 1er février 2023) qui devrait « jouer à plein » sur les finances de l’Unédic dans les prochaines années.
Une baisse de 12 % des allocataires indemnisés
2. Allocation de solidarité spécifique.
Si les premiers effets de cette réforme se feront sentir à partir du début août 2023 (soit six mois après l’entrée en vigueur de la mesure de réduction de la durée d’indemnisation), le régime de croisière de cette réforme décidée unilatéralement par l’exécutif est annoncé pour 2027 : l’Unédic estime alors que le nombre d’allocataires indemnisés devrait baisser de 12 %, ce qui équivaut à 300 000 personnes – avec un effet de bascule percutant la solidarité nationale (puisqu’il va se produire mécaniquement une hausse du nombre d’allocataires de l’ASS2 et du RSA). « C’est un drame pour nombre d’allocataires », estime la CFDT, qui dénonce depuis l’annonce de cette nouvelle mesure, en novembre 2022, « l’acharnement du gouvernement sur les seuls droits des demandeurs d’emploi, reflet d’une vision stigmatisante, simpliste et archaïque du fonctionnement du marché du travail », insiste la secrétaire générale adjointe Marylise Léon.
À noter que l’analyse de l’Unédic ne mesure pas les effets de l’assimilation des abandons de postes à une démission prévue par la loi « portant mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein emploi » du 21 décembre 2022 – le décret de mise en œuvre n’ayant pas encore été publié. La démission n’ouvrant pas droit à l’indemnisation chômage, cette assimilation pourrait rapidement impacter les comptes de l’Unédic…