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Extrait de l'hebdo n°3984
L’organisme paritaire qui gère l’assurance chômage anticipe pour 2026 un déficit de 1,3 milliard d’euros, ses recettes ayant été amputées par les prélèvements de l’État.

En février dernier, l’Unédic anticipait une dégradation de ses comptes en 2025 avant une légère embellie en 2026. Mais les dernières prévisions financières, dévoilées le 22 octobre dernier, par l’organisme paritaire se révèlent plus pessimistes, avec un déficit attendu pour 2026 de 1,3 milliard d’euros… loin des 200 millions d’excédents affichés six mois plus tôt. In fine, la dette de l’Unédic devrait donc atteindre 60,8 milliards d’euros à la fin 2026 – un montant qui aurait pu être moins élevé sans les ponctions opérées par l’État (estimées à 13 Md€ entre 2023 et 2026), et que les partenaires sociaux n’ont cessé de dénoncer.
Lourds prélèvements de l’État
Le bureau de l’Unédic a donc décidé d’interpeller l’État afin qu’il revienne sur ses prélèvements – estimant que les montants ponctionnés par les pouvoirs publics censés financer France Travail et France compétences sont en réalité affectés au budget de l’État, dans un contexte budgétaire pour le moins tendu. En outre, estime le président de l’Unédic, Jean-Eudes Tesson (Medef), les prélèvements de l’État auraient dû « se faire sur les excédents de l’Unédic […] or quand on est à 1,3 milliard de déficit, ce n’est plus un prélèvement sur les excédents mais sur les recettes ». En 2026, les prélèvements de l’État devraient atteindre 4,1 milliards d’euros. « L’an prochain, au lieu de faire 1,3 milliard de déficit, on aurait fait 2,7 milliards d’excédents », fustigeait Jean-Eudes Tesson lors d’une conférence de presse. Ces prélèvements freinent donc inévitablement la trajectoire de désendettement de l’Unédic, contraignant par ailleurs celui-ci à contracter de nouveaux emprunts à des taux beaucoup plus élevés qu’auparavant pour pouvoir rembourser sa dette…
La dette Covid à rembourser dès 2026
Mais la pression financière à laquelle est soumis le régime d’assurance chômage ne s’arrête pas là puisque les premiers remboursements de la dette Covid doivent débuter en 2026. Pour mémoire, l’assurance chômage (à la demande de l’État) avait financé à hauteur de 19 Md€ l’activité partielle et les mesures d’urgence durant la pandémie, ainsi que la prolongation de l’indemnisation des allocataires en fin de droits (2,5 Md€). « Du fait des prélèvements de l’État, nous sommes dans une situation d’endettement permanent et devons nous endetter à un coût toujours supérieur, alerte la vice-présidente (CFDT) de l’Unédic, Patricia Ferrand. Cette situation ne fait que fragiliser toujours davantage le rôle d’amortisseur social et économique de l’assurance chômage, au moment même où le marché de l’emploi se contracte. »
Dans ce contexte, on ne peut que s’interroger sur les intentions du gouvernement, qui, ces dernières années, n’a cessé de chercher à réaliser des économies sur l’assurance chômage en demandant aux partenaires sociaux de négocier, encore et encore, de nouvelles règles d’indemnisation moins-disantes. Le document de cadrage envoyé par François Bayrou cet été aux partenaires sociaux ayant été déclaré conforme par le Conseil d’État (qui a rejeté la requête en annulation introduite par la CFDT et FO), l’inquiétude grandit dans les rangs syndicaux.