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Réunies à l’initiative de la CFDT, les organisations syndicales et la CPME (seule organisation patronale à avoir accepté l’invitation) sont parvenues à fixer un calendrier de négociation au sujet des ruptures conventionnelles. Mais la surenchère patronale de la veille concernant le montant des économies à réaliser a pesé sur les discussions, qui s’annoncent difficiles.

On a connu des débuts de négociation plus sereins. Les visages étaient quelque peu crispés, le 3 décembre, au siège de l’Unédic, où après un peu plus d’une heure de discussion, les chefs de file se sont succédé en salle de presse. Réunis à l’initiative de la CFDT pour entamer des pourparlers sur la question des contrats courts et des ruptures conventionnelles, les organisations présentes (à savoir l’ensemble des organisations syndicales et la CPME – le Medef et l’U2P ayant décliné l’invitation) pensaient pouvoir poser librement les bases d’un nouvel accord ou avenant à la convention de novembre 2024.
Quelques jours plus tôt, le 29 novembre, le ministre du Travail et des Solidarités, Jean-Pierre Farandou, confirmait, dans un courrier envoyé aux partenaires sociaux, faire une croix sur la réforme de l’assurance chômage amorcée par François Bayrou à l’été 2025 à condition que ces derniers rouvrent une négociation sur les contrats courts et les ruptures conventionnelles, avec un objectif fixé à 400 millions d’euros d’économies1.
Un delta financier important
C’était sans compter sur la surenchère du patronat à la veille de la négociation. CPME, Medef et U2P ont en effet conjointement répondu au gouvernement, disant vouloir « revisiter certains paramètres liés à l’indemnisation et sans limiter la réflexion au seul sujet des ruptures conventionnelles », avec l’objectif de « diminuer le coût annuel de l’assurance chômage d’un milliard d’euros ». Rappelant à l’envi que le sujet des ruptures conventionnelles n’est pas une demande syndicale, le chef de file CFDT Olivier Guivarch ne cachait pas son agacement. « Nous partons de zéro, et les organisations patronales demandent un milliard. Avec un gouvernement qui évoque 400 millions, ça laisse une sacrée marge de manœuvre pour négocier. » Les organisations syndicales gardent aussi en mémoire l’intransigeance récente du patronat concernant l’Agirc-Arrco2 qui, en refusant d’aller au-delà des 0,2 % de revalorisation des retraites complémentaires, avait fait capoter la négociation, en octobre 2025. Ce qui fait douter certaines organisations syndicales quant à l’attachement du patronat au paritarisme.
Six nouvelles dates de réunion fixées
À ce stade, les discussions ne portent donc pas encore sur les mesures à mettre en œuvre et les curseurs à déplacer pour réformer les ruptures conventionnelles. Seul un calendrier de réunions a pu être établi, sous réserve que ces dates soient acceptées par la partie patronale absente. Les organisations devraient donc se retrouver les 12 et 16 décembre 2025, puis les 7, 15, 20 et 28 janvier 2026.
Côté CFDT, on souhaite ardemment la présence du Medef et de l’U2P « dès la prochaine séance, pour démontrer notre capacité à faire vivre le paritarisme propre à l’assurance chômage et assurer un dialogue social de qualité, assure Olivier Guivarch. Le sujet des contrats courts excédant le périmètre strict de l’assurance chômage, il conviendra de discuter de l’articulation possible avec une négociation à mener dans le cadre de l’agenda autonome ».