L’appel solennel des partenaires sociaux au Premier ministre

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icone Extrait de l'hebdo n°3987

Sept organisations syndicales et patronales réclament l’abandon du projet de réforme de l’assurance chômage de François Bayrou, toujours officiellement sur la table. Celui-ci avait laissé aux partenaires sociaux jusqu’au 15 novembre pour réaliser de nouvelles économies, provoquant la colère des syndicats.

Par Anne-Sophie BallePublié le 18/11/2025 à 13h00

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© CFDT Fonctions publiques

Le ton est grave, et le sujet pressant. Dans un courrier adressé à Sébastien Lecornu, le 14 novembre dernier, sept des huit leaders syndicaux et patronaux demandent solennellement au Premier ministre de « retirer la lettre de cadrage “Assurance chômage” publiée par le gouvernement en août 2025 », et ce, afin de « garantir le déroulement [du] travail autonome entre partenaires sociaux dans les meilleures conditions ». Seul le Medef a refusé de parapher le texte, jugeant contre-productif de demander le retrait d’un document dont il partage la philosophie.

Le document de cadrage, un véritable carcan

Pour les sept autres organisations représentatives au niveau interprofessionnel, l’objectif est clair : se défaire du carcan qu’imposerait un document de cadrage relatif aux règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi, tant sur le fond – le document envoyé par François Bayrou visait en effet entre 2 et 2,5 milliards d’euros d’économies par an entre 2026 et 2029 – que sur la forme. « En fixant unilatéralement un cadre aux discussions, ce document risque malheureusement de compromettre la dynamique de confiance et de responsabilité indispensable à la réussite de cette nouvelle phase de dialogue social », écrivent les signataires CFDT, CFTC, CGT, FO, CFE-CGC, U2P et CPME.

À l’époque, cet énième projet de réforme de l’assurance chômage, présenté moins d’un an après la conclusion de la dernière convention, avait provoqué l’ire des organisations syndicales ; Marylise Léon allant jusqu’à parler de « carnage » et refusant de participer aux discussions. Le changement de gouvernement et la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon semblent avoir rebattu les cartes, ce dernier donnant à plusieurs reprises le sentiment qu’il ne reprendrait pas à son compte la feuille de route de son prédécesseur.

Les ruptures conventionnelles dans le viseur

Ce qui fait dire aux signataires que le gouvernement devrait valider la demande des partenaires sociaux consistant à renoncer à ce « cadrage global » et circonscrire la prochaine négociation d’assurance chômage aux ruptures conventionnelles et aux contrats courts. « Conformément aux engagements pris dans l’accord […] de 2024, nos organisations […] ont décidé d’ouvrir, dans les prochaines semaines, une négociation interprofessionnelle portant sur la question des contrats courts. Cette négociation sera également l’occasion d’examiner la question des ruptures conventionnelles, dans une approche globale et équilibré, avec l’objectif partagé de renforcer la qualité de l’emploi et de sécuriser les parcours professionnels », précisent-ils.

Une telle négociation avait d’ailleurs été évoquée par le Premier ministre à la fin septembre 2025 dans un courrier transmis aux partenaires sociaux, le gouvernement pointant alors le coût des ruptures conventionnelles sur le régime1 pour demander le réexamen de ces conditions d’indemnisation. Les partenaires sociaux devraient prochainement ouvrir le débat.