La Cour des comptes presse l’État d’agir

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iconeExtrait de l’hebdo n°3912

Le rapport annuel de la Cour des comptes est cette année centré sur l’adaptation aux changements climatiques. En seize chapitres et autant de thématiques, les magistrats de la rue Cambon dressent un état des lieux de l’action publique et invitent à une véritable “planification de la transition écologique”.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 19/03/2024 à 13h00

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© Phil Bertaud/RÉA

Preuve de l’importance du sujet, la Cour des comptes a choisi, dans son rapport annuel 2024, de centrer son analyse sur « l’action publique en faveur de l’adaptation au changement climatique ». Les deux tiers dudit rapport passent au crible les différentes actions et politiques engagées par l’État, les collectivités locales et les entreprises en matière d’adaptation au dérèglement climatique. Et ce, en seize thématiques : logement, alimentation, santé, transports… mais aussi armée ou forêt.

Des manquements… et des progrès à faire

Les constats sont sévères. Certes, une certaine « prise de conscience » de l’urgence à s’adapter au changement climatique est relevée par la Cour des comptes. Mais celle-ci pointe surtout les manquements et « l’ampleur des progrès à réaliser » afin d’engager une véritable « planification de la transition écologique ». Selon son président, Pierre Moscovici, « nous constatons un kaléidoscope de réponses, de plus ou moins grande qualité. Mais elles ne sont pas articulées. D’où l’impératif de planifier ». C’est le cas, par exemple, dans le secteur du tourisme avec de complètes incohérences entre le réchauffement climatique (donc le manque de neige) et la poursuite de l’accueil des skieurs dans les stations en faisant fonctionner des canons à neige qui se révèlent être de très gros consommateurs d’eau.

En vue d’adapter la France à un réchauffement de + 4 °C en 2100 (l’hypothèse retenue par le gouvernement), la liste des chantiers est immense : relocalisation des bâtiments affectés par la montée des eaux de mer, réflexion sur les nouvelles cultures céréalières, adaptation des logements et des villes, conflits d’usage liés à la raréfaction de l’eau… Or « l’évaluation des coûts actuels et futurs de l’adaptation est lacunaire, voire inexistante, faute de données suffisantes mais également parfois d’objectifs clairs », tacle le président de la Cour des comptes.

Des mesures d’adaptation forcément onéreuses

À l’heure des économies budgétaires (10 milliards d’euros en 2024 puis 20 milliards en 2025), la Cour demande un chiffrage clair des mesures d’adaptation, forcément onéreuses. Même dans ce contexte délicat, Pierre Moscovici défend les dépenses en faveur de l’environnement : « Il serait paradoxal d’aller taper dans le secteur sur lequel on a le plus besoin d’investissements. Ce n’est pas ce que je recommanderais », a-t-il plaidé lors d’une présentation du rapport 2024 à la presse.

À propos de l'auteur

Emmanuelle Pirat
Journaliste

La CFDT, qui a toujours souligné la nécessité d’anticiper au maximum les transformations à venir, abonde. « Il y a aujourd’hui urgence à passer d’une gestion de crise à une logique d’anticipation, de co-construction des solutions, et d’action », souligne Fabien Guimbretière, secrétaire national chargé de la transition écologique juste, en insistant sur le rôle que doivent jouer les partenaires sociaux, tant au niveau national que territorial mais aussi dans les entreprises. D’autant plus que la France est le pays européen percuté par la plus grande diversité des aléas climatiques ; les défis y sont donc d’autant plus grands.