“La colère est là !”

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Les cortèges étaient moins fournis que lors de la manifestation du 18 septembre mais le ressentiment, lui, était toujours bien présent. Avec pour dominante la colère induite par le fait de n’être toujours pas entendus. Verbatim saisis au fil du cortège parisien…

Par Fabrice Dedieu, et Emmanuelle PiratPublié le 02/10/2025 à 17h27

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© Syndheb

Il y a ceux qui sont amers « de voir que ça ne bouge pas », ceux qui sont « indignés »… et ceux qui ont décidé qu’« il ne faut surtout pas baisser les bras ». À commencer par Marylise Léon, en tête du cortège parisien : « Nous voulons envoyer le message au gouvernement qu’il y a un problème sur le budget en préparation et que l’on a besoin de réponses concrètes et rapides. La stratégie du Premier ministre pour préparer les budgets est d’égrener des annonces. Ce n’est pas sur cette base que les organisations syndicales se prononceront mais sur une photo globale, en regardant les détails », a expliqué la secrétaire générale.

Les raisons d’être là sont nombreuses

De la place d’Italie aux Invalides, les militants CFDT avaient tous de bonnes raisons d’être présents. Certains parce qu’ils sont particulièrement sensibles au sujet de la justice sociale et de la justice fiscale. « Nos droits d’aujourd’hui, ce sont nos anciens qui les ont obtenus. Chaque génération endosse une responsabilité et doit construire pour la suivante », indique Cécile, informaticienne à BNP Paribas. Pour d’autres, c’est l’inquiétude qui domine ; notamment celle de voir le prochain budget grignoter davantage le pouvoir d’achat des travailleurs, ou de constater qu’il y a des coupes encore plus sévères dans les services publics.

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© CFDT Services

Dans le cortège de la CFDT Services, beaucoup de représentants des secteurs du commerce, de la restauration et de la propreté. « Dans nos secteurs, la colère provient aussi de ce qui se passe au sein des entreprises », note Cécile Lisoie, de cette fédération CFDT : explosion des plans sociaux, atteintes aux droits, non-reconnaissance des travailleurs essentiels… « Il faut qu’à un moment cette colère puisse sortir, s’exprimer, ajoute une militante. Parce que la colère est là ! »

À la recherche de la prétendue “rupture”

Beaucoup de militants s’agacent aussi de la stratégie du Premier ministre et doutent de la rupture tant vantée. La secrétaire générale de la CFDT, pour sa part, dit rester « prudente ».

« Le cœur du sujet pour l’intersyndicale, c’est le partage des efforts. Et le message que l’on envoie aux politiques, c’est “Est-ce que vous êtes capables de reconnaître qu’il faut s’y prendre d’une autre façon ?”. La vraie rupture, c’est accepter de s’être trompé et reprendre les choses différemment. Or ce qui m’inquiète dans l’ensemble des propositions égrenées, c’est que ce ne sont que des petits bouts par-ci par-là mais surtout rien de neuf sous le soleil. » En revanche, « ce que je trouve intéressant, c’est qu’il [le Premier ministre] remette le discours relatif à la démocratie sociale sur le devant de la scène. La meilleure illustration qu’il puisse donner, ce serait d’abandonner la lettre de cadrage de l’assurance chômage ; ce serait un beau geste ». Les jours qui viennent nous feront savoir si Sébastien Lecornu a vraiment entendu la colère de la rue.