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Extrait de l'hebdo n°3991
Après moult péripéties, les députés sont finalement parvenus à trouver un compromis sur le budget de la Sécurité sociale pour 2026. Une excellente nouvelle en cette période de crise politique. Par conséquent, la réforme des retraites est bien suspendue jusqu’à la prochaine élection présidentielle.

Le suspense aura duré jusqu’au bout des débats, mais c’est le oui qui l’a emporté… à treize voix près. Dans la soirée du 9 décembre, les députés ont adopté en deuxième lecture le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) à une courte majorité. Que le personnel politique soit parvenu à trouver un compromis dans la période est une excellente nouvelle selon la CFDT, qui s’était exprimée en faveur de l’adoption de ce texte, certes imparfait, mais qui contient plusieurs avancées pour les salariés.
« La version votée du PLFSS 2026 comprend des avancées par rapport à la version initiale du texte. Certaines mesures parmi les plus injustes ont été supprimées ou atténuées, tandis que les moyens alloués à la branche maladie ont été accrus avec réalisme », résume Jocelyne Cabanal, secrétaire nationale chargée de la protection sociale.
La réforme des retraites est suspendue
Première conséquence de ce vote, la suspension de la réforme des retraites est bel et bien entérinée. L’âge minimal de départ reste figé à 62 ans et 9 mois et la durée de cotisation à 170 trimestres jusqu’à l’élection présidentielle de 2027. Des dizaines de milliers de salariés vont donc potentiellement pouvoir faire valoir leur droit à pension avant la date prévue par la réforme de 2023.
« Si cette mesure fait des gagnants immédiats, elle permet surtout de remettre l’ouvrage sur le métier et penser un système plus juste que ce qui nous est proposé aujourd’hui, explique Yvan Ricordeau, secrétaire général adjoint de la CFDT. C’est la première fois depuis très longtemps qu’un mouvement populaire parvient à obliger un gouvernement à revoir sa copie. C’est historique, et une belle victoire syndicale. » Cerise sur le gâteau, le PLFSS voté contient aussi des améliorations issues des travaux du « conclave retraites » en ce qui concerne les femmes ayant eu des enfants.
De vraies avancées
Autre bonne nouvelle, les députés ont approuvé une hausse de la CSG afin que la Sécurité sociale dispose de nouvelles ressources. Ils ont ainsi mis fin à une forme de dogme sur la partie recettes. Bien entendu, la CFDT veillera à ce que ces nouvelles ressources soient affectées à la Sécurité sociale… Dans la dernière ligne droite, les députés ont également décidé de relever l’Ondam1 à 3,1 %, contre 1,6 % prévu initialement. Il s’agit sans conteste d’une prévision plus réaliste qui permet aux hôpitaux de retrouver un peu d’oxygène – même si la situation devrait rester extrêmement tendue en 2026.
Enfin, le doublement des franchises médicales a été abandonné. Cette mesure était particulièrement injuste car elle faisait payer les malades comme s’ils étaient responsables de leur situation. Les retraités – à qui l’on a demandé beaucoup d’efforts dans la version initiale du texte – ont également de quoi se réjouir. Les députés sont revenus sur toutes les dispositions problématiques.
Revers de la médaille, la nature des débats à l’Assemblée nationale n’a pas permis d’aborder sereinement la question des déficits et de définir une trajectoire de retour à l’équilibre des comptes sociaux à moyen et long terme. Selon la CFDT, c’est un impératif quand il s’agit d’assurer la crédibilité et la légitimité de notre système de protection sociale. Ce travail reste donc à mener. Le gouvernement estime aujourd’hui le déficit de la Sécurité sociale pour 2026 à près de 20 milliards d’euros ; il reste, certes, extrêmement élevé… mais il aurait été encore plus élevé en cas de non-adoption du budget. « Bien sûr, ce n’est pas le budget rêvé par la CFDT, mais il contient des mesures dont nous pouvons nous réjouir, conclut Jocelyne Cabanal. Ce vote positif montre surtout qu’il existe une forme de consensus au sein de la classe politique quant à la nécessité de préserver notre modèle de protection sociale. Chacun doit avoir en tête que c’est un pilier de notre cohésion sociale. »