Devoir de vigilance : un coup de poignard dans le dos

Lors de la 8e édition du sommet Choose France, le 19 mai dernier, au château de Versailles, le président français a annoncé vouloir écarter la directive sur le devoir de vigilance.

Par Emmanuelle PiratPublié le 22/05/2025 à 12h09

La directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité a été publiée le 5 juillet 2024. Elle établit un cadre juridique visant à promouvoir un comportement d'entreprise durable et responsable tout au long de la chaîne de valeur.
La directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité a été publiée le 5 juillet 2024. Elle établit un cadre juridique visant à promouvoir un comportement d'entreprise durable et responsable tout au long de la chaîne de valeur.© Christian Creutz / RÉA

Elle n’était déjà pas très en forme. Elle frôle désormais l’état de mort clinique. La directive européenne CS3D1 sur le devoir de vigilance se relèvera-t-elle du coup porté par le président Emmanuel Macron lors du sommet Choose France ?

Devant un parterre d’investisseurs étrangers, le chef de l’État a en effet affirmé vouloir purement et simplement écarter la directive (au même titre que d’autres réglementations), au prétexte de « se resynchroniser avec les États-Unis ». « La CS3D et d’autres réglementations ne doivent pas simplement être reportées d’un an, mais retirées », a-t-il déclaré, suscitant l’approbation des chefs d’entreprise présents mais aussi la stupéfaction chez bon nombre de responsables. Parmi eux, de nombreuses ONG et organisations syndicales qui bataillent depuis des mois pour sauver cette directive porteuse de progrès pour les droits humains et pour l’environnement.

Une position “radicale et incompréhensible”

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Emmanuelle Pirat
Journaliste

La CFDT a immédiatement réagi, en condamnant ce qu’elle qualifie de « position radicale et incompréhensible », mettant en garde contre des « propos opportunistes, aux accents populistes […] à rebours des avancées que la France a portées depuis 2017 en responsabilisant les entreprises dans le respect des droits humains et environnementaux dans la chaîne de valeur ».

La France avait en effet été pionnière en faisant inscrire le devoir de vigilance dans sa législation, inspirant ensuite une directive européenne ambitieuse sans cesse mise à mal depuis. Les propos d’Emmanuel Macron ont sans doute enfoncé encore un peu plus le clou dans le cercueil.