Devoir de vigilance : pour que l’Europe ne recule pas, nous avançons

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icone Extrait de l'hebdo n°3979

Du 21 au 23 septembre, un collectif d’ONG, de syndicats et de défenseurs des droits humains lancent une marche de 100 km (de Roubaix à Bruxelles) pour défendre le devoir de vigilance, menacé par la directive Omnibus.

Par Anne-Sophie BallePublié le 22/09/2025 à 06h55

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En octobre prochain, le Parlement européen se prononcera sur la directive Omnibus, une proposition de la Commission européenne, qui, sous prétexte de simplification, remet en cause les engagements de l’Europe en ce qui concerne le devoir de vigilance – domaine dans lequel elle a pourtant été précurseur1. Si elle était votée, cette directive entérinerait le renoncement de notre capacité à produire de manière responsable. Concrètement, les multinationales n’auraient plus à répondre des violations des droits humains tout au long de la chaîne de production (des filiales aux sous-traitants), les objectifs climatiques de l’Union européenne seraient affaiblis, la possibilité de recours en justice pour les victimes (souvenons-nous du drame lié à l’effondrement du Rana Plaza, au Bangladesh, le 24 avril 2013) se trouverait considérablement amoindrie.

« Cette loi européenne, qui entend rétablir l’impunité des multinationales, prend en fait place dans un cadre plus large de dérégulation et de backlash2 environnemental », affirme Hélène Deborde, secrétaire confédérale du service International-Europe.

Face à ce risque, des ONG, organisations syndicales, activistes et dirigeants d’entreprise ont décidé de lancer une Marche pour les droits humains du 21 au 23 septembre. Cent kilomètres qui reliront Roubaix (emblème de l’industrie française) à Bruxelles, où le Parlement est appelé à se prononcer au sujet de la directive dans quelques jours. « Notre objectif est clair : alerter sur le démantèlement des normes européennes protégeant les droits humains et environnementaux, pour lesquelles nous nous sommes tant battus par le passé3 », poursuit Hélène Deborde.

Moment de bascule

La marche, en plusieurs étapes, sera ponctuée de rassemblements, de prises de parole mais aussi de la projection du documentaire The Pickers (sorti en juin dernier), qui se penche sur les conditions humaines et environnementales dans lesquelles sont cueillis les fruits et légumes que l’on trouve dans nos assiettes. Plusieurs militants CFDT – venus pour la plupart des Hauts-de-France, mais aussi d’autres régions – participeront à cette marche, qui se déroule à un moment de bascule en matière de droits humains.

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

À l’heure du backlash environnemental pratiqué tous azimuts à travers le monde, syndicats et ONG n’ont pas dit leur dernier mot et entendent bien préserver ce qui a fait la fierté et l’exemplarité de l’Europe. « C’est aussi pour nous l’occasion de montrer que l’Europe peut être un bouclier contre une compétition mondiale toujours plus injuste et brutale », résume le service International-Europe confédéral.