Chez Marie Blachère, une négo qui ne mange pas de pain

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icone Extrait de l'hebdo n°3989

Déception après la négociation annuelle obligatoire (NAO) qui s’est tenue le 24 novembre chez Marie Blachère. Les 12 000 salariés des 850 magasins situés principalement aux abords des villes n’ont obtenu que des miettes. Par ailleurs, le passage progressif de nombreux magasins en location-gérance constitue un motif grandissant d’inquiétude.

Par Emmanuelle PiratPublié le 02/12/2025 à 13h00

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© Arthur Hervé/RÉA

Le dialogue social est toujours aussi compliqué et tendu chez Marie Blachère. Dans cette entreprise de boulangerie industrielle créée en 2004, encore aux mains du fondateur, la NAO du 24 novembre dernier en a donné un énième exemple. En vue de faire monter la pression, la CFDT et la CGT, en intersyndicale, avaient appelé à un mouvement de grève ou de débrayage, le jour de la tenue de la négociation. « Pour nos salaires, pour le respect et pour être enfin entendus », annonçaient les tracts.

Las, la direction n’a pas tenu compte de la colère et de l’épuisement qui s’expriment de plus en plus fréquemment dans les quelque 850 magasins de l’enseigne. « On a tout juste obtenu une augmentation de la prime d’ancienneté de 25 % au lieu des 10 % qu’ils proposaient, et une petite augmentation de la prise en charge de la mutuelle. Mais en ce qui concerne les augmentations de salaire, ils ne veulent rien entendre. Ils se reposent sur les augmentations légales comme la réévaluation du Smic et celle que la branche va également négocier. Donc, au niveau de l’entreprise, c’est niet ! », explique la déléguée syndicale CFDT Véronique Marchois.

Un taux de remplacement du personnel de 100 %

Outre les salaires qui stagnent désespérément, d’autres sujets inquiètent les salariés et leurs représentants. Tout d’abord, les conditions de travail, qui se dégradent de plus en plus dans les trois secteurs de l’entreprise – vente, boulangerie et snacking (préparation de sandwiches, tartes, wraps, etc.). « On a un turnover de 100 %, rappelle Véronique. On passe notre temps à embaucher mais on n’a pas le temps de former les nouveaux arrivants. Résultat : des accidents de travail à la pelle », du style brûlures, coupures, chocs…

Les absences pour accident de travail pèsent évidemment sur les salariés qui restent. « Dans mon magasin, aujourd’hui, sur les six personnes à la vente, j’ai trois absentes. Il faut donc y remédier, on est toujours en train de courir, de prendre untel pour mettre à la place de tel autre et ainsi de suite… c’est épuisant ! » L’inspection du travail a été saisie, un audit a été réclamé il y a plus d’un an et demi. « Malgré cela, rien ne bouge. La direction tarde toujours à mettre en œuvre des solutions alors qu’elle détient les résultats de l’audit depuis un an… »

Le risque du passage en location-gérance

À propos de l'auteur

Emmanuelle Pirat
Journaliste

Le passage d’un nombre grandissant de magasins en location-gérance constitue un autre motif d’inquiétude. « En un an à peine, 52 magasins ont déjà été cédés. Cela a concerné 520 salariés », indique Véronique… sachant que la concurrence est féroce dans le secteur de la boulangerie industrielle, avec le développement d’enseignes comme Ange. Marie Blachère a peut-être mangé son pain blanc, et la direction ne laisse que des miettes aux salariés.