Altice : la menace plane de voir SFR éparpillé “façon puzzle”

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icone Extrait de l'hebdo n°3986

Les représentants des salariés de SFR n’ont pas dit leur dernier mot. Le 4 novembre, ils plaidaient leur cause devant la cour d’appel de Paris, tentant d’obtenir l’annulation du plan de sauvegarde accéléré voulu par le groupe Altice France. Ce plan, s’il était mis en œuvre, signerait le démantèlement de SFR, vaisseau amiral d’Altice France.

Par Emmanuelle PiratPublié le 12/11/2025 à 13h00

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© Kermalo/RÉA

Être syndicaliste, c’est se battre jusqu’au bout. Depuis la validation du plan de sauvegarde du groupe Altice France par le tribunal des affaires économiques de Paris, le 4 juillet dernier, la bataille est particulièrement rude pour les représentants syndicaux de la CFDT et de l’Unsa. Mardi 4 novembre, accompagnés par leurs avocats, ils étaient présents à la cour d’appel de Paris pour une ultime plaidoirie visant à faire échouer ce plan de sauvegarde1. Alors pourquoi vouloir le combattre ? « Parce que la mise en œuvre de ce plan suppose la cession d’actifs de sociétés telles que SFR, explique Olivier Lelong, délégué syndical central (DSC) CFDT de SFR. Déjà, depuis des années, tous nos bénéfices remontent à la maison mère. Et, désormais, on nous impose que 100 % de la trésorerie de SFR soit dédiée au remboursement de la dette senior. C’est non ! »

Un risque de vente morceau par morceau

Malgré les dénégations de la direction – qui affirme que le plan est viable sans cession d’actifs –, le scénario est déjà en train de s’esquisser : au début du mois d’octobre dernier, les trois autres grands opérateurs français de téléphonie (Orange, Free et Bouygues) faisaient une offre commune en vue de racheter SFR. Cette offre a aussitôt été écartée par Altice France. « Une manière de faire monter les enchères », estime le DSC. Et une façon de reculer pour mieux sauter ? Probablement, car, comme le redoute le syndicaliste, « ce qui risque de se passer, c’est que SFR soit racheté par les trois opérateurs français ou bien que les actifs soient vendus morceau par morceau. On se retrouverait alors dans la situation d’un opérateur virtuel, sans nos infrastructures réseaux, donc obligés de les louer à des tiers ».

À propos de l'auteur

Emmanuelle Pirat
Journaliste

Outre les représentants syndicaux, un tel scénario inquiète les 6 600 salariés de l’opérateur (8 000 si l’on compte les salariés des boutiques). D’ailleurs, c’est désormais sur ce volet de la sauvegarde des emplois que les représentants syndicaux vont livrer bataille. Parmi les priorités de son agenda, Olivier a noté de « décrocher un rendez-vous au ministère de l’Économie pour parler emplois, garanties d’emplois et contraintes et obligations que l’État doit mettre sur les éventuels acheteurs », rappelant qu’en France « rien ne se fait dans le secteur des télécoms sans un contrôle de l’État ». Reste à savoir quel rôle acceptera de jouer ce dernier… et jusqu’où il est prêt à s’engager pour sauver SFR.