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Extrait de l’hebdo n°3913
En juin 2024, 376 millions d’Européens éliront leurs représentants au Parlement européen. Parce que la CFDT veut peser dans la campagne et faire entendre sa voix, elle est pleinement mobilisée afin de convaincre les travailleurs de l’importance de leur bulletin de vote et des menaces que fait peser sur eux l’extrême droite.
La campagne électorale entre dans sa dernière ligne droite. Dans deux mois et demi, les électeurs français et des autres pays d’Europe concernés voteront pour leurs députés. Ce rendez-vous démocratique déterminera la composition et les orientations du Parlement européen lors des cinq prochaines années. À travers des initiatives locales, régionales ou nationales, la CFDT, qui veut peser, est sur tous les fronts jusqu’au 9 juin en France.
Le 1er février, l’Union territoriale des retraités (UTR) franciliens ouvrait le bal par une table ronde sur « L’Europe institutionnelle et l’Europe syndicale, un enjeu, des difficultés, des résultats » – événement auquel une centaine d’adhérents ont répondu présent. « Alors que la guerre est à nos portes, il est fondamental de dire et rappeler ce que l’Union européenne apporte à ses citoyens : la paix, la démocratie et le progrès social et économique », résumait alors Christian Dussable, de l’UTR francilienne.
“Syndicaliste et européen, cela va de soi”
Le 29 février, le Syndicat CFDT Métallurgie 76, la CFDT de Seine-Maritime, l’Union régionale interprofessionnelle (URI) Normandie et le Mouvement européen 76 étaient à l’initiative d’une journée d’échange intitulée « Une économie européenne au service des personnes ». Au menu, plusieurs tables rondes visant à faire comprendre le fonctionnement de l’Europe, de ses institutions et son influence sur la mise en place des politiques publiques. « Syndicaliste et européen, cela va de soi, explique Thibaut Drouet, militant CFDT et européen convaincu. Il est essentiel de parler d’Europe, de son impact en matière de progrès social, de droits et de protections qu’elle offre aux travailleurs et aux citoyens. Elle est l’échelle idéale pour lutter contre la fraude fiscale ou taxer les multinationales et les superprofits. » Ce jour-là, 70 personnes, dont de nombreux adhérents et élus CFDT, ont répondu à l’invitation.
Donner des clés de lecture aux adhérents et militants
Dans les Pays de la Loire, plusieurs événements sont d’ores et déjà inscrits à l’agenda. Le 16 mai, adhérents et militants sont invités à assister, à Angers (Maine-et-Loire), à une journée régionale sur l’Europe sociale ; en Vendée, ce sera le 30 mai. La CFDT de la Mayenne et la CFDT du Maine-et-Loire ne seront pas en reste puisque toutes deux prévoient une initiative. « On sait que l’on n’attira pas les eurosceptiques, et ce n’est d’ailleurs pas notre but. Nous voulons profiter de ces élections pour parler d’Europe, outiller nos militants et adhérents, leur donner les clés de lecture afin qu’ils puissent répondre à leurs collègues lorsqu’ils sont interpellés sur ces questions dans leurs entreprises ou à la machine à café, explique Antoine Lelarge, secrétaire régional de l’URI Pays de la Loire. Parler d’Europe, c’est donner à chacun la possibilité d’identifier les candidats qui sont le plus en adéquation avec nos valeurs et, à l’inverse, de repérer ceux qui constituent une menace pour les travailleurs et le projet européen porté par la CFDT ; en l’occurrence, une Europe plus juste, plus solidaire et qui met les transitions justes et la lutte contre les inégalités au centre de son agenda social. »
Ces messages, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, les a d’ailleurs rappelés lors de son déplacement en Paca, le 22 mars dernier. Après avoir visité le site-mémorial du Camp des Milles, elle a évoqué, lors d’une table ronde, aux côtés d’ATD Quart Monde et d’ESS France, les enjeux des élections européennes selon les organisations du Pacte du pouvoir de vivre.
Du côté de l’URI Île-de-France, trois temps forts sont prévus. Le 28 mars, lors de son conseil régional, elle organisera un temps d’échanges avec l’Institut Jacques Delors. « C’est important de pouvoir expliquer à la cinquantaine de syndicats qui seront présents pourquoi la CFDT vote pour l’Europe, détaille Olivier Clément, secrétaire régional. Ce sera aussi l’occasion de parler des dernières directives qui ont été adoptées récemment, telle celle sur le devoir de vigilance. » Suivra, le 11 avril, un webinaire sur les menaces que l’extrême droite fait peser sur l’Union. Enfin, une rencontre intereuropéenne est prévue le 30 mai avec les syndicats de la CSC (Belgique), de l’UGT (Espagne) et de l’OPZZ (Pologne).
Le 11 avril, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’UTR 13 invite ses sympathisants et adhérents à un temps d’échanges avec le Mouvement fédéraliste européen. L’URI Hauts-de-France traitera, elle, ces sujets le 4 juin prochain à l'occasion d'une rencontre avec les secrétaires généraux des syndicats du territoire.
Audition des têtes de liste des élections européennes le 23 mai à la Confédération
Confronter les candidats et leurs programmes aux attentes des travailleurs sera évidemment l’un des points d’orgue de l’engagement de la CFDT dans cette campagne. Le 23 mai, les têtes de liste des partis républicains seront reçues dans les locaux de la Confédération, à Paris. « Nous sommes et resterons fidèles à notre indépendance. Nous n’appelons pas à voter pour tel ou tel candidat. En revanche, nous le réaffirmons, aucune voix ne doit aller à celles et ceux qui prônent une sortie de l’Union européenne ou ceux qui défendent un modèle contraire à nos valeurs et incompatible avec notre projet de société, explique la secrétaire nationale Béatrice Lestic. Rappelons qu’un grand nombre d’acquis bénéficiant aux travailleurs sont le résultat de transpositions de directives et textes européens : l’égalité entre les femmes et les hommes, la sécurité et la santé au travail et la liberté de circulation des travailleurs. Nous ne sommes pas naïfs : l’Union européenne a évidemment ses insuffisances, mais c’est bien par notre vote que nous la ferons progresser. »
L’extrême droite ennemie des travailleurs et des droits des femmes
En guise d’antidote à la désinformation, la Confédération va prochainement mettre à la disposition des militants CFDT des outils rappelant les positions prises au Parlement européen par Reconquête! ou le Rassemblement national. Et ainsi rappeler que les deux partis d’extrême droite se sont abstenus ou ont voté contre la mise en place d’un salaire minimum en Europe, l’application du principe de l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale entre les hommes et les femmes, la résolution prévenant et combattant les violences contre les femmes, la loi européenne sur le climat fixant la baisse des émissions de CO2 ou encore la résolution visant à soutenir l’Ukraine face à la Russie… « Il n’y a pas d’exemple, dans l’histoire et dans le monde, de régime d’extrême droite favorable à la liberté syndicale, à la négociation collective, aux droits des travailleurs, poursuit Béatrice Lestic. On le voit bien aujourd’hui, en Italie ou en Finlande, par exemple : dès qu’elle est au pouvoir, l’extrême droite tente de durcir les conditions d’exercice de ces droits. »
La menace est réelle. L’extrême droite pourrait atteindre la première ou la deuxième place dans 17 pays de l’Europe des Vingt-Sept. Aussi la CFDT a-t-elle fait le choix d’organiser, aux côtés de la Confédération européenne des syndicats (CES) et de la Fondation Friedrich-Ebert, une journée de débats avec les syndicats européens le 16 avril à Paris. La Confédération des syndicats allemands (DGB) et la Confédération générale italienne du travail (CGIL) viendront partager leurs témoignages et expériences. « Ensemble contre l’extrême droite ; ce n’est pas qu’un slogan ! », affirme la CFDT.
L’UE est l’échelon pertinent pour relever les défis
« Dans un contexte international de plus en plus incertain, et alors que la guerre frappe à notre porte, nous avons besoin d’une Union européenne forte, concluait Béatrice Lestic, le 19 mars, lors du premier des quatre webinaires organisés par la Confédération et consacrés aux prochaines élections européennes. L’Union européenne est la solution et l’échelon pertinent pour relever les défis qui sont devant nous, comme les transitions écologique, énergétique et numérique. »
En ce qui concerne les webinaires CFDT, les prochains rendez-vous sont d’ores et déjà à bloquer dès aujourd’hui dans les agendas : le 9 avril, « Une Europe plus démocratique et sociale – Une Europe plus protectrice de l’État de droit » ; le 23 avril, « Une Europe écolo et solidaire ! » ; enfin, le 14 mai : « L’extrême droite : montrons son vrai visage ! ».