Une équipe déterminée et tournée vers l’avenir

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iconeExtrait de l’hebdo n°3899

Au Centre hospitalier de Béthune Beuvry (CHB), bastion de la CGT, la section CFDT a fait du terrain sa priorité et de la réponse sur mesure aux agents sa marque de fabrique. Ce choix porte ses fruits : à l’issue des dernières élections professionnelles, la CFDT est devenue la deuxième OS de l’établissement. Et elle prépare déjà le scrutin de 2026.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 05/12/2023 à 13h00

De gauche à droite : Philippe, Nathalie et Sandrine.
De gauche à droite : Philippe, Nathalie et Sandrine.© Syndheb

Proximité, visibilité et lucidité. C’est le triptyque qui résume le mieux l’activité de la section pas-de-calaisienne. « Nous sommes présents dans les différents services, nous échangeons avec nos collègues pour faire remonter leurs problématiques, nous obtenons des résultats et, surtout, nous n’hésitons pas à le faire savoir », détaille Philippe Valmori, secrétaire de la section CFDT depuis cinq mois et agent au sein des archives médicales de cet établissement de 1 800 agents.

La reconnaissance du travail effectué

Une évidence qui n’en est pas forcément une dans ce bastion CGT. De fait, l’organisation concurrente recueillait 79,42 % en décembre 2022. Deuxième de ce précédent scrutin, la CFDT (10,41 %) dépassait FO pour la première fois (10,18 %), élargissant au passage sa base électorale. Une vraie satisfaction pour l’équipe et une reconnaissance du travail effectué. D’ailleurs, si l’écart devrait rester assez élevé avec la CGT à court et moyen terme, il ne décourage pas du tout les militants.

« Nous prendrons le temps qu’il faut pour faire les choses et nous les ferons bien ! », insiste Philippe. Dans cette perspective, la section peut s’appuyer sur une quarantaine d’adhérents dont quatre nouveaux. C’est évidemment un signe encourageant pour le collectif et qui témoigne d’une appétence des agents vis-à-vis la CFDT. « Le mouvement des retraites a permis de donner de la visibilité au syndicalisme CFDT », poursuit Nathalie Valmori, agent de service hospitalier et secrétaire adjointe. Le développement fait partie des priorités de la section. C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’elle a participé au challenge « Le Grand Boost » l’année passée, « pour remettre la syndicalisation au cœur de nos pratiques syndicales ».

Un bon nombre de voix à gagner

Des voix à gagner, il y en a – auprès des abstentionnistes, notamment : seulement un agent sur deux (50,86 %) a glissé un bulletin dans l’urne en décembre 2022. « Ça a été un choc. Ça nous a interpellés sur notre rôle et concernant l’avenir du syndicalisme. J’ai été assommée pendant un moment », explique Sandrine, technicienne de laboratoire, adhérente CFDT depuis 2013. Un désintérêt ou une méconnaissance des vertus du syndicalisme de la part de ses collègues qui interroge celle qui a rejoint la CFDT par « prévention ». « Ce n’est pas quand ça va mal que l’on doit se syndiquer, mais avant, quand on n’en a pas grand besoin. On considère souvent que ce que nous dit la hiérarchie est vrai ; mais quand on commence à faire des recherches sur tel ou tel sujet, on s’aperçoit très vite que ce n’est pas toujours le cas. »

« C’est à nous de rendre le syndicalisme attrayant, de montrer que le syndicalisme, ce n’est pas que du syndicalisme, c’est bien plus que ça ! », poursuit Sandrine. Ce « plus », la section y travaille. Outre ses activités quotidiennes, elle multiplie les initiatives, en participant par exemple à une campagne de dons en faveur des réfugiés ukrainiens, en organisant une collecte débouchant sur l’envoi de matériel de première nécessité aux victimes des séismes en Turquie (tentes, couvertures, oreillers, chaises roulantes, gigoteuses) ou en organisant des collectes de produits d’hygiène bénéficiant aux étudiants en situation de précarité. Une évidence pour Samira, acheteuse du service des achats généraux, et une motivation supplémentaire lorsqu’elle a rejoint la CFDT puisqu’elle est engagée au sein de plusieurs associations de solidarité telles que l’UFC-Que choisir ou Terre d’Errance. « Les valeurs de solidarité et d’humanisme que nous défendons sont les mêmes dans le syndicalisme CFDT et le monde associatif », insiste Samira.

L’horizon que constitue le scrutin de 2026

Autant d’actions qui sont un complément aux activités « cœur de métier » des militants locaux. Les tournées de jour et de nuit font désormais partie de la routine de l’équipe. Préalable indispensable à la visibilité de l’équipe et afin de réduire l’écart aux élections de 2026. « C’est notre horizon », martèle Philippe. Et pour ça, la CFDT s’engage. En 2021, elle signait le protocole d’accord relatif à la politique sociale de l’établissement qui permettait la titularisation de 400 agents ; c’était 155 en 2022, 134 en 2023 et ce sera 119 l’année prochaine. « Cela permet de contribuer à l’attractivité de l’établissement et de fidéliser les agents, affirme Nathalie. C’est important pour le territoire. »

Si les personnels et les urgences tiennent le choc jusque-là, ils se retrouvent trop régulièrement sous tension du fait de la fermeture de plusieurs services voisins. La section CFDT surveille attentivement les réorganisations à venir alors que des travaux d’agrandissement sont en cours. Car il est indispensable d’anticiper les impacts sur l’organisation du travail et les conditions de travail des personnels. Le chantier du futur bloc opératoire (il devrait ouvrir ses portes dès le premier semestre 2024) est suivi avec la même rigueur…

Récemment, la section a alerté la direction à propos de la dégradation des conditions de travail des agents d’accueil et des conditions d’accueil des usagers du service des consultations externes. « Leur nombre explose, les flux sont de plus en plus importants, il n’y a pas suffisamment de personnel, et la configuration des lieux ne garantit pas la confidentialité des échanges avec les patients. » Bien entendu, la CFDT veillera à la manière dont évolue la situation.

Une CFDT pragmatique, honnête et pédagogue

Là ou d’autres organisations « vendent du rêve », la CFDT répond de façon pragmatique : « Nous disons aux gens qui viennent nous voir ce que nous pouvons faire ou ne pas faire. Nous sommes honnêtes et excluons les fausses promesses. » Un suivi personnalisé de chaque personne qui franchit la porte du local syndical est assuré grâce à une fiche « recueil d’informations », sur laquelle sont enregistrées les raisons de la venue de l’agent, les problématiques et les démarches auxquelles il ou elle fait face.

Plannings, congés, maladie… : « nous répondons à toutes les questions, et de manière détaillée. Pas de façon stéréotypée, comme d’autres peuvent le faire. On fait vraiment du sur mesure, on prend le temps d’effectuer les recherches nécessaires, explique Sandrine. Là ou d’autres organisations syndicales répondent “c’est comme ça dans la fonction publique hospitalière, un point c’est tout”, nous répondons “c’est comme ça parce que… pour telle ou telle raison”. C’est d’ailleurs dans cette logique que la section distribue aux agents, durant ses tournées, des tracts spécifiques métiers en plus des goodies habituels. » L’équipe en est convaincue, la volonté de faire œuvre de pédagogie portera ses fruits sur le long terme. D’ailleurs, le dépôt de tract sur les tables, c’est terminé. « On les distribue de la main à la main, ça montre que nous sommes présents et ça permet des échanges directs », rappellent les militants.

Ne pas oublier de valoriser les résultats obtenus !

Toutes ces actions, la section ne manquent pas de les valoriser. Mails aux adhérents, publications sur les comptes Instagram ou Facebook : elle est visible et active sur tous les supports. La page Facebook est ainsi suivie par près de 750 personnes. Du contenu – actualités nationales, fédérales ou locales – est constamment publié en ligne. Ce qui offre aussi l’occasion de diffuser différents tracts, le dernier en date se rapportant à la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat versée à une partie des agents de la fonction publique.

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

L’équipe ne limite pas son champ d’action au périmètre du CHB : l’établissement faisant partie du Groupement hospitalier de territoire (GHT) de l’Artois avec les centres hospitaliers de Lens, d’Hénin-Beaumont et de La Bassée, elle est en lien avec les autres sections et partage son expérience et ses outils dès que le besoin s’en fait sentir. La section CFDT de Béthune Beuvry n’hésite pas non plus à donner un coup de main aux autres sections de l’interpro.

Elle a ainsi participé à plusieurs actions saisonnières au Dennlys Parc (le 20 juillet) ou au Parc d’Ohlain (le 1er août). Le 6 novembre dernier, elle prêtait main forte aux agents communaux de Courcelles-lès-Lens qui manifestaient devant la mairie afin de faire entendre leur mal-être au travail. Elle a répondu et continue de répondre spontanément aux sollicitations des camarades frappés par les inondations, qui ont grand besoin d’aide pour nettoyer leur maison. « Rejoindre la CFDT, c’est faire des rencontres, c’est rejoindre un club. C’est un formidable réseau, c’est aussi une force de connaître les autres sections et militants. On est là les uns pour les autres. » À n’en pas douter, le « plus », elle l’a déjà, la section CFDT du CHB !