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+ 4 degrés : Le travail à l'épreuve du réchauffement
Face aux risques physiques, psychologiques, chimiques, un collectif d’acteurs du monde agricole se structure pour documenter les impacts du réchau ement climatique sur la santé des travailleurs et mieux les prévenir.

« Il y a encore peu de temps, quand on parlait de réchauff ement climatique en agriculture, on se préoccupait des impacts sur les cultures et les rendements, mais rien concernant l’humain. » C’est justement pour « remédier à cet impensé » que Caroline Véran, fondatrice et directrice de l’agence de conseil en RSE Croissance bleue, a lancé, en 2024, la première étude traitant des impacts du réchauffement climatique sur les conditions de travail et la santé des travailleurs viticoles – et ce, en fonction de leur statut (propriétaires, salariés, saisonniers). Ce chantier a évidemment éveillé l’intérêt de la CFDT, qui est rapidement devenue un partenaire de la démarche. L’étude, restituée lors du Salon international de l’agriculture (SIA), en février 2025, a démontré les impacts en termes de santé physique, mentale, infectieuse et chimique. « Le changement climatique provoque des épisodes de grêle, d’inondations et une météo beaucoup plus imprévisible, lesquels aff ectent les conditions de travail et la santé. Nous avons par exemple relevé que cette imprévisibilité entraîne un stress spécifique », note Caroline Véran.
Vers la construction d'outils et de solutions
Depuis cette restitution, le projet a donné lieu à un baromètre national de la santé climatique au travail, qui sera publié chaque année. Surtout, cette étude a été élargie à l’ensemble des fi lières agricoles : paysagisme, aquaculture, maraîchage, agriculture, etc. De nombreux partenaires et contributeurs (organisations professionnelles) ont rejoint la démarche, tels que la FNSEA, l’Union nationale des entreprises du paysage, Légumes de France, la Fédération française d’aquaculture, etc. « Nous souhaitons créer une communauté d’acteurs engagés dans cette problématique des impacts concrets du changement climatique sur les conditions de travail, précise Franck Tivierge, de la CFDT Agri-Agro. Nous allons construire des outils d’action, des solutions d’adaptation intégrant les spécifi cités des métiers et des territoires. » Car, précise Caroline Véran, « il n’y a pas de solution générale d’adaptation. Chaque solution – l’adaptation des horaires, par exemple – possède une certaine complexité et doit être pensée non seulement au niveau de chaque fi lière, mais aussi de chaque métier ». Mieux identifi er et prévenir les risques santé climatique constitue désormais un enjeu économique. D’ailleurs, 43 % des viticulteurs interrogés dans le cadre de l’étude déclaraient qu’ils envisageaient de renoncer à travailler dans la fi lière d’ici à cinq ans du fait des conditions devenues trop diffi ciles.