Temps de lecture 6 min
Extrait de l'hebdo n°3991
Au parc de loisirs d’Olhain, près de Béthune (Pas-de-Calais : Hauts-de-France), la CFDT a désormais une section CFDT, composée de militants ultra-dynamiques et engagés pour améliorer les conditions de travail des salariés et leur pouvoir d’achat. Cette section s’est créée à la suite d’une action saisonniers.

Samuel Place se souvient parfaitement des semaines qui ont précédé la création de leur CSE1, fin 2022. « Le Parc s’était développé, nous étions passés au-dessus du seuil des 50 salariés. Il fallait donc passer de notre ancien COS2, dont j’étais le président, au CSE. Les anciens délégués du personnel m’avaient demandé de me présenter avec eux, mais ils avaient déjà choisi le syndicat… La CGT, en l’occurrence. Ça n’était pas des méthodes qui me convenaient. Selon moi, on n’impose pas, on discute d’abord », explique le désormais trésorier CFDT du CSE du Parc d’Olhain. Cette base de loisirs située au cœur du Pas-de-Calais accueille chaque année 700 000 visiteurs, à la journée ou lors de séjours plus ou moins longs.
Aujourd’hui, la rupture est consommée avec les anciens du COS. Samuel, second de cuisine, contacte alors d’autres collègues. « On voulait monter une liste avec tous les métiers du parc représentés : en cuisine, au bar, au ménage, à l’accueil, à l’animation, l’administratif, la sécurité… » Mais subsistait cette question : vers quelle organisation syndicale se tourner ? « J’ai fouillé dans les archives pour retrouver avec qui on avait négocié les accords 35 heures. On s’est souvenu que la CFDT était venue, pendant l’été, pour des actions saisonniers. Alors on a appelé l’antenne de Lens et on a pris rendez-vous. »
Le démarrage d'une section, un moment sensible
En été, le parc emploie, en plus de ses 70 salariés, une bonne centaine de saisonniers. Un endroit stratégique, donc, sur le passage de la caravane saisonniers de la CFDT. « On avait dû organiser deux ou trois actions au parc avant qu’on ait ce contact », se souvient Emmanuelle Deregnieaux, secrétaire générale du Syndicat des Services Artois Douaisis. À partir de là, les choses se sont rapidement enchaînées : une rencontre puis la signature du protocole d’accord préélectoral, au début de 2023. Après l’élection, le syndicat s’est assuré du suivi et a proposé des formations… « On sait que le démarrage d’une section est un moment délicat qu’il faut accompagner, souligne Emmanuelle. Mais c’est une équipe très solidaire, qui a su rapidement gagner en autonomie. »
Une multitude d’initiatives et d’actions
Une petite équipe s’est rapidement soudée autour de Samuel Place, de Roseline Deruette (qui travaille en cuisine) et de Thibault Delebarre, opérateur de loisirs (à la tyrolienne, à la luge d’été). L’équipe partage les mêmes valeurs et l’envie de « se battre pour nos collègues », résume Thibault, le délégué syndical CFDT. Depuis qu’ils ont pris les rênes du CSE, les jeunes militants ont à cœur de prendre soin des salariés. Ils multiplient les initiatives (sorties, voyages, tournois, barbecue… à destination des salariés et de leurs familles pour renforcer le collectif) mais aussi les actions qui contribuent à améliorer le pouvoir d’achat des collègues : mise en place de chèques-vacances, négociation de commandes groupées visant à obtenir de meilleurs prix, négociation auprès de la direction pour maintenir le prix du repas au self à 4,50 euros (entrée, plat, café)…
« Chez nous, les salaires tournent autour du Smic ; on a aussi des collègues en famille monoparentale… Nombre d’entre eux ont du mal à joindre les deux bouts », ajoute Samuel, qui n’a jamais oublié la fois où un collègue lui a confié que « comme cadeau de Noël, un bon alimentaire serait le bienvenu ». De fait, les élus ont mis en place certains services spécifiques – une aide aux démarches administratives, une aide ponctuelle solidaire, en cas de difficulté à payer les factures.
Tout pour améliorer le quotidien des salariés
Jamais à court d’idées, l’équipe a obtenu de la direction que les salariés puissent accéder aux forêts du domaine et venir couper et ramasser du bois (5 euros le stère, un vrai plus !). Les militants ont aussi proposé un ramassage de pommes « sur un terrain près du golf, où personne ne vient jamais ». Cela a permis de récolter 200 kilos de pommes, « transformées en 155 bouteilles de jus données au personnel, précise Roseline, élue au CSE et particulièrement sensible au sort des salariés précaires. Notre intention, c’est de toujours chercher les bons plans pour améliorer le quotidien des salariés ».
Lors des négociations annuelles obligatoires, la CFDT s’est bien défendue et a obtenu de nombreuses avancées, parmi lesquelles une majoration de salaire de 30 % en cas de travail le dimanche, une majoration de temps pour les heures travaillées les jours fériés (ce qui permet de récupérer trois heures pour dix heures travaillées) ainsi qu’une prime de 550 euros. « Après un an de négo, on a aussi obtenu la création d’un compte épargne-temps (CET) », ajoute Samuel. L’équipe peut également se targuer d’avoir fait évoluer la politique sociale de l’entreprise, en obtenant notamment trois jours par an pour enfant malade.
Se battre inlassablement pour l’emploi
L’équipe CFDT compte garder le cap… même si le contexte économique et financier se durcit. « La baisse des dotations de l’État se répercute sur les contributions du département, qui diminuent, et dont nous dépendons en partie. Les mairies, les groupes scolaires ont moins de moyens… Quant aux familles, elles priorisent », résume Samuel, qui déplore évidemment la baisse d’activité du parc. Dans les mois à venir, certaines activités pourraient d’ailleurs être réduites afin de réaliser des économies. De 87 emplois en 2024, le parc est passé à 63 à la fin novembre 2025. Une quinzaine de contrats ne seront probablement pas renouvelés lors de la prochaine saison. Désormais, c’est pour préserver l’emploi (et la qualité de l’emploi) que l’équipe va se battre. Avec la même détermination.