Relance : L’exécutif dévoile son plan abonné

• Initialement annoncée le 25 août, France relance regroupe 68 mesures devant permettre au pays de retrouver le niveau de croissance d’avant crise d’ici 2022.
• Si elle salue la recherche d’articulation entre les questions économiques, sociales et écologiques, la CFDT demande des contreparties aux entreprises et pointe l’absence de mesures en faveur des plus fragilisés par la crise.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 04/09/2020 à 14h08 et mis à jour le 14/01/2021 à 13h59

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Après en avoir distillé les contours par petites touches ces dernières semaines, le gouvernement a finalement présenté son plan de relance le 3 septembre, à grand renfort de communication et de pédagogie. Doté d’un budget total de 100 milliards d’euros, soit quatre fois plus qu’en 2008, il doit relancer l’activité à court terme et préparer la France à l’horizon 2030 en misant sur trois piliers : la compétitivité et la souveraineté des entreprises, la transition écologique et la cohésion sociale et territoriale. Les dispositifs d’urgence mis en place dès la mi-mars (activité partielle, prêts garantis par l’Etat…) auront sans doute permis de faire mieux face à la violence de la crise provoquée par l’épidémie de Covid19. L’heure est désormais à l'accélération de la reprise.

La compétitivité relancée…

La formation, un enjeu central de la relance ?

S’il ne fait pas l’objet d’un axe du plan de relance à proprement parler, le volet compétences n’est cependant pas anodin. Plusieurs mesures se concentrent sur la formation et la reconversion des publics menacés par la crise, au premier rang desquels les salariés en activité partielle. Dans son « bouclier anti-licenciement », le gouvernement prévoit en effet une enveloppe d’un milliard d’euros pour la formation des salariés des entreprises en activité partielle via le Fonds national pour l’emploi. Conditionné par un maintien minimum de 60% de l’activité, le dispositif permettra d’utiliser le temps non travaillé pour former les salariés sur les secteurs prioritaires du plan de relance (numérique, industrie, transition écologique, métiers de la santé…). Les reconversions sont également encouragées, via la modification du dispositif ProA (crée par la loi avenir professionnel d’août 2018). Très peu utilisé – à peine 49 accords de branche ont été signés, dont 8 étendus – il doit faciliter un changement de métier ou de profession par l’alternance. Durant l’été, les partenaires sociaux avaient poussé pour que le dispositif proA favorise davantage des mobilités intersectorielles. Il semble qu’ils aient été entendus. A noter que le plan ajoutera enfin 100 millions d’euros au CPF transition, mis en place depuis janvier 2019 pour les salariés qui souhaitent changer de profession et qui permet le maintien de la rémunération pendant toute la durée de la formation. « Il faut du temps et des moyens pour que les travailleurs dont l’activité est menacée puissent se reconvertir dans des secteurs d’avenir, cela passe par un soutien important au service des transitions professionnelles », argue Yvan Ricordeau, secrétaire national en charge de la formation. Mais pourquoi ne pas aussi innover ? La CFDT plaide pour des plateformes d’expérimentation de projets innovants dans les compétences au plus près des réalités des bassins d’emploi. « En matière de formation aussi, l’innovation sera déterminante pour gagner la bataille de l’emploi durable. »

Du côté des jeunes, dont 750 000 arrivent actuellement sur le marché du travail, les 300 000 parcours d’insertion annoncés fin juillet dans le plan jeunes sont confirmés : 120 000 seront des contrats aidés répartis à parité entre les secteurs marchand et non marchand, 100 000 des missions de service civique, et 130 000 des dispositifs d’accompagnement à l’emploi (garantie jeunes, Pacea…) S’ajoutent à cela 200 000 places supplémentaires de formations dans le cadre du PIC (plan d’investissement des compétences, qui prévoit la formation d’un million de demandeurs d’emploi et de jeunes sur le quinquennat). Celles-ci devront être ciblées sur les métiers et secteurs prioritaires identifiés par France relance. Les demandeurs d’emploi en formation (mais non indemnisés par Pôle emploi, soit 40% d’entre eux) verront quant à eux leur rémunération augmenter : une prime de 150€ sera versée à l’entrée en formation, le reste par une revalorisation. « L’indemnisation passera de 130 à 200€ pour les 16-18 ans, de 300 à 500€ pour les 18-21 ans, et à 710€ au-delà, l’idée étant de coller à la garantie jeunes, » indique le ministère du Travail. La CFDT en prend acte. « Ces mesures devront faire l’objet d’une concertation avec les différents acteurs pour en définir les conditions de mise en œuvre », pointe Yvan Ricordeau

Calibré sur deux ans (2020-2022), France relance est d’abord axé sur le soutien direct aux entreprises, avec un volet compétitivité doté de 35 milliards d’euros et une mesure phare : la baisse des impôts de production…

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