“Nous sommes dans le camp de la paix”

iconeExtrait du magazine n°498

Béatrice Lestic, secrétaire nationale de la CFDT chargée de l’international, détaille la position de la CFDT au sujet du conflit israélo-palestinien.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 01/12/2023 à 10h00

Béatrice Lestic, secrétaire nationale de la CFDT.
Béatrice Lestic, secrétaire nationale de la CFDT.© Joseph Melin

Depuis les attaques terroristes du Hamas, le 7octobre dernier, le monde a les yeux rivés sur le Proche-Orient. Quel regard porte la CFDT sur ce conflit ?

Nous avons condamné sans réserve les attaques terroristes du Hamas, qui ont coûté la vie à 1 400citoyens israéliens. Ces actes d’une barbarie absolue sont injustifiables. Si l’effroi et la colère sont légitimes, nous avons exprimé notre vive inquiétude face à l’évolution de la situation et la spirale de violence dont les populations civiles paient et paieront le prix fort.

La CFDT condamne la riposte disproportionnée d’Israël, qui soumet sciemment la population civile de Gaza à un déluge de bombes, dont le bilan provisoire dépasse les 10 000morts, en violation manifeste du droit international. Cette situation est d’ailleurs aggravée par le blocus qui prive la population d’eau, de nourriture, de médicaments, d’électricité.

La CFDT appelle les États européens à œuvrer pour un cessez-le-feu immédiat et pour l’ouverture urgente de corridors humanitaires. Nous plaidons pour que les crimes perpétrés de part et d’autre soient qualifiés et jugés par la Cour internationale de justice.

“C’est notre responsabilité de citoyens français que de dire que ce n’est pas tolérable. Partout où nous pourrons faire entendre notre voix, nous le ferons.”

Comment se positionne la CFDT ?

La CFDT est dans le camp de la paix. Et malgré le vacarme des va-t-en-guerre, nous continuerons de défendre cette ligne. Si Israël possède un droit inaliénable à se défendre et à assurer la sécurité de sa population, les Palestiniens ont aussi le droit à une vie digne et dans un État viable. Or chacun est sommé de choisir un camp sous peine d’être taxé soit d’antisémite, soit de raciste, en faisant fi de la complexité de la situation. C’est le piège qui est tendu par l’extrême droite israélienne et le Hamas, qui prospèrent tous deux sur la peur et la désespérance. Nous devons résister à cette injonction. Nous avons le droit de dire que ce que fait le gouvernement israélien d’extrême droite est inacceptable, comme nous avons le droit de dire que les actions du Hamas relèvent du terrorisme.

Pour nous, il est hors de question de chercher des excuses ni de justifier la violence. La communauté internationale doit peser pour remettre de la rationalité politique dans le débat et sortir des discours émotionnels de peur et de haine. La CFDT est fidèle à ses positions antérieures et continue de prôner une réponse politique en vue de la construction d’une paix juste et durable, en application des résolutions de l’ONU, qui reconnaissent le droit des Palestiniens et des Israéliens à avoir un État et à vivre en sécurité. Même si cela semble aujourd’hui irréalisable, c’est la seule issue possible pour sortir de cette spirale.

Ce conflit a des répercussions inquiétantes en France…

Oui, ce conflit a des répercussions dans de nombreuses régions du monde. En France, malheureusement, certains responsables politiques ne sont pas à la hauteur de la gravité du moment. Ils instrumentalisent ce conflit à des fins électoralistes. Nous dénonçons celles et ceux qui cherchent à relativiser, à minimiser, voire à légitimer les actions des uns ou des autres. Je le redis, ce conflit est un drame, pour les Palestiniens et les Israéliens. Et ceux qui attisent les haines desservent la paix et la justice.

Pourquoi la CFDT était présente à la marche du 12novembre contre l’antisémitisme ?

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Parce que c’est notre place. Comme c’était notre place, le 4 novembre, lors des manifestations qui appelaient à un cessez-le-feu à Gaza. C’est constitutif de notre ADN. On observe malheureusement dans notre pays une hausse des actes antisémites depuis le début du conflit. On ne peut pas l’accepter. C’est notre responsabilité de citoyens français que de dire que ce n’est pas tolérable. Partout où nous pourrons faire entendre notre voix, nous le ferons. Pour dire oui à la paix, non à l’antisémitisme et à toutes les formes de racisme. Dans les cortèges sont présents certains avec qui nous n’avons rien en commun, avec qui nous sommes en profond désaccord et dont nous condamnons les discours de haine, l’extrême droite notamment. Nous continuerons à dénoncer leur hypocrisie et leur double jeu. Mais personne n’instrumentalisera la CFDT ni ne l’empêchera de s’exprimer.