Morts au travail en 2024 : 1 297 personnes

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icone Extrait de l'hebdo n°3989

Plus de deux morts par jour, sans compter les salariés du secteur agricole, de la fonction publique, les indépendants et les chefs d’entreprise. Des chiffres qui restent toujours trop élevés, de même que la sous-déclaration.

Par Claire NillusPublié le 02/12/2025 à 13h00

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© Stéphane Audras/RÉA

Le 18 novembre dernier, l’Assurance maladie a publié les chiffres 2024 de la sinistralité sur les lieux de travail – en hausse, par rapport à 2023, avec 764 décès (soit cinq de plus). En y ajoutant 318 morts dans des accidents de trajet et 215 à cause de maladies professionnelles (19 de plus par rapport à 2023), ce sont au total 1 297 personnes décédées du travail dans l’année. Ce rapport constate une légère baisse du nombre d’accidents du travail et une légère augmentation des accidents de trajet et, surtout, une augmentation, année après année, des maladies d’origine professionnelle reconnues.

De quoi meurt-on au travail aujourd’hui ?

Quatre grands risques restent identifiés à l’origine de la plupart des accidents mortels : la manutention manuelle (pour moitié), les chutes de plain-pied (15 %), les chutes de hauteur (plus de 10 %) et l’outillage à main (8 %). Un autre fait devrait alerter les employeurs : plus de 20 % des décès sont survenus dans l’année qui suit la prise de poste. Le manque de prévention et de formation adaptées aurait ainsi généré au moins 160 décès en 2024.

Par ailleurs, comme les années précédentes – une étude récente de l’INRS1 l’avait souligné –, la moitié des décès sur le lieu de travail est la conséquence de malaises, généralement des accidents cardiovasculaires, des hommes surtout, d’un âge médian égal à 51 ans.

Les jeunes particulièrement impactés

En 2024, 22 jeunes de moins de 25 ans sont décédés. Plus que dans les autres classes d’âge, ces accidents mortels surviennent alors qu’ils ont moins d’un an d’ancienneté. Toujours chez les moins de 25 ans, on note que le risque routier est plus élevé avec des accidents de trajet responsables de 20 % environ des décès.

S’agissant des maladies professionnelles pouvant causer la mort, il apparaît une hausse du nombre de cancers, dont ceux liés à l’amiante (+ 14,5 % entre 2023 et 2024). Ce constat s’explique notamment par un meilleur suivi des expositions, sachant que la sous-déclaration reste élevée, entre autres raisons parce que les décès par cancer surviennent généralement longtemps après que l’on a quitté son activité. La création d’un nouveau tableau « cancers du larynx et de l’ovaire provoqués par l’inhalation de poussières d’amiante » a tout de même été un progrès, il a permis de reconnaître et d’indemniser 25 cas.

Les maladies psychiques ont doublé en cinq ans

Autre fait marquant : le nombre de maladies psychiques d’origine professionnelle a plus que doublé par rapport à 2020, passant de 840 à 1 805. C’est inquiétant à plusieurs titres, quand on sait que le risque d’accident du travail en lien avec les risques psychosociaux a augmenté lui aussi en 2024 (+ 14 % par rapport à 2023).

Enfin, il est précisé que, quel que soit le secteur d’activité, l’évolution du nombre d’accidents « est liée à l’évolution de la sinistralité en tant que telle et non pas à celle des effectifs salariés », ce qui interroge forcément sur l’absence de mesures de prévention des risques professionnels mises en œuvre dans les entreprises malgré les très nombreuses normes en vigueur.

À propos de l'auteur

Claire Nillus
Journaliste

En définitive, le seul point positif de ce nouveau bilan est de fournir une cartographie documentée et actualisée de ce que le travail fait aux salariés. Ces données sont précieuses à la veille du 5 décembre, premier jour de la grande conférence sur le travail, l’emploi et les retraites lancée par le gouvernement.