Les ruptures conventionnelles au menu d’une prochaine négociation ?

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icone Extrait de l'hebdo n°3986

Dans une note du 4 novembre, l’Institut des politiques publiques pointe le poids des ruptures conventionnelles dans l’indemnisation de l’assurance chômage. Le sujet, déjà dans le viseur du gouvernement, pourrait faire l’objet d’une négociation aux côtés des contrats courts.

Par Anne-Sophie BallePublié le 12/11/2025 à 13h00

514 627 ruptures conventionnelles ont été conclues en France en 2024.
514 627 ruptures conventionnelles ont été conclues en France en 2024.© CFDT Akkodis

Objet phare de l’ANI1 sur la modernisation du marché du travail, la rupture conventionnelle est devenue assez courante depuis sa création, en 2008. En témoignent les chiffres révélés par l’Institut des politiques publiques (IPP) dans sa note « Rupture conventionnelle et licenciement : conflit ou coopération ? », publiée le 4 novembre dernier. Le dispositif – qui permet à l’employeur et au salarié de convenir, d’un commun accord, des conditions de la rupture du CDI qui les lie – ouvre droit à une allocation versée par l’assurance chômage avec un délai de carence de 150 jours au maximum, à la différence des démissions.

Près de dix-huit ans après leur création, les ruptures conventionnelles représentent 18 % des ruptures de CDI… mais l’effet de substitution attendu – à savoir que la rupture conventionnelle devait remplacer (du moins partiellement) le licenciement – n’a pas eu lieu : à peine « 12 % des licenciements pour motif personnel sont remplacés par des ruptures conventionnelles », note l’IPP ; en revanche, les démissions, elles, ont diminué de 19 % après la mise en place du dispositif. « Au moins 40 % des ruptures conventionnelles proviennent de démissions transformées », pointe encore l’IPP. Le coût n’est pas neutre pour l’Unédic, puisque la rupture conventionnelle est devenue son premier poste de dépenses avec 26 % des allocations versées en 2024, soit 9,4 milliards d’euros.

Une nouvelle lettre de cadrage ?

De quoi apporter de l’eau au moulin du gouvernement qui, depuis 2023, souhaite limiter le recours aux ruptures conventionnelles via un durcissement de ses règles d’indemnisation. En août 2025, François Bayrou avait adressé une lettre de cadrage aux partenaires sociaux, les invitant à négocier d’ici au 15 novembre une nouvelle convention d’assurance chômage, où figureraient un nouveau raccourcissement du délai maximal d’indemnisation et un nouveau pallier de dégressivité pour les cadres et les ruptures conventionnelles. Si Sébastien Lecornu semble avoir fait l’impasse sur les deux premiers éléments, les ruptures conventionnelles restent, elles, dans son collimateur.

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

Une nouvelle lettre de cadrage pourrait donc être envoyée dans les prochains jours aux partenaires sociaux afin de leur demander de revoir les modalités d’indemnisation du dispositif – ainsi que celles des contrats courts. Le 27 mai dernier, CFDT, CFTC et FO avaient obtenu du patronat l’ouverture, avant la fin de l’année 2025, d’une négociation spécifique visant à « identifier les leviers d’action permettant de mieux réguler, de manière équilibrée et adaptée aux réalités des secteurs, le recours aux contrats courts ».