Le secteur de l’habillement n’en a pas fini avec les mauvaises nouvelles

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iconeExtrait de l’hebdo n°3905

Le mouvement de défaillances d’enseignes du commerce de l’habillement et de la chaussure ne faiblit pas. La Fédération CFDT des Services s’attend encore à une année difficile.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 30/01/2024 à 13h00

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© Arnaud Hébert/RÉA

2024 ne sera sans doute pas l’année de l’embellie dans le commerce de l’habillement. Alors que la reprise des magasins Pimkie, début 2023, s’était déjà accompagnée de la fermeture de 63 magasins, l’enseigne (autrefois détenue par la famille Mulliez) a annoncé, le 19 janvier, la fermeture de 36 boutiques supplémentaires et la suppression de 239 emplois, en plus des 257 déjà actés. Quatorze magasins vont changer d’enseigne et prendre celle de Miniso. « Le contexte économique », « la baisse de fréquentation », « l’inflation » auraient « impacté considérablement les ventes et les résultats économiques », a affirmé l’entreprise dans un communiqué.

Une longue série de suppressions d’emplois

Quelques jours auparavant, c’est le chausseur Minelli qui a annoncé de nombreuses fermetures et de sévères coupes dans ses effectifs : 73 des 120 magasins seront fermés, et près de 400 emplois supprimés. L’enseigne Naf-Naf, quant à elle, a annoncé à la mi-octobre 2023 la fermeture de 17 magasins et la suppression de 117 emplois. Un plan social succède donc à un autre – en l’occurrence celui qui a été acté en juin 2023, provoquant la suppression de 37 postes.

Ces annonces ne sont que la suite d’une longue série : Gap France, André, San Marina, Burton of London… et s’avèrent toujours liées aux mêmes raisons, analyse Aurélie Flisar, secrétaire générale adjointe de la CFDT-Services : « Ce sont des magasins qui ne trouvent plus leur clientèle, qui déserte aussi pour des raisons de pouvoir d’achat. Nous sommes inquiets car on se dit “qui sera le prochain” ? Et nous voyons clairement que c’est un secteur ultra-féminisé, avec beaucoup d’emplois à temps partiel, qui n’intéresse pas tellement les pouvoirs publics. »

1. Transitions collectives.

Les craintes concernant l’emploi sont fortes tant il est difficile de se reconvertir dans ce secteur sinistré. « Certains des anciens salariés de Camaïeu sont toujours en attente de retrouver du travail », explique la secrétaire générale adjointe, alors que Camaïeu a mis la clé sous la porte à la fin septembre 2022… « Quand nous demandons aux employeurs pourquoi ils n’ont pas fait appel à des dispositifs comme Transco1, la réponse c’est qu’ils n’en connaissaient pas l’existence. Et, bien souvent, quand on en parle, il est trop tard. Nos équipes CFDT découvrent un jour en CSE que la situation est critique alors qu’il n’y avait pas de signaux envoyés auparavant. Il n’y a donc aucune anticipation ! », souligne Aurélie Flisar.

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Fabrice Dedieu
Journaliste

Mais la donne pourrait changer. Un « engagement dans le développement de l’emploi et des compétences » serait actuellement en discussion au niveau de la branche des succursalistes de l’habillement, pour les Hauts-de-France. Il s’agit d’un accord qui permettrait d’« anticiper et accompagner l’évolution des emplois et des qualifications et ainsi sécuriser les parcours professionnels des actifs occupés », selon le site du ministère du Travail. De son côté, la CFDT-Services œuvre afin de mieux accompagner ses militants et élus. « Nous souhaitons les armer pour qu’ils puissent repérer les signes annonciateurs et apprendre à gérer un PSE », souligne Aurélie, et de prévenir : « 2024 sera compliquée ! »