Le rapport Pisani-Ferry évalue le coût de la transition écologique

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iconeExtrait de l’hebdo n°3877

Le rapport “Les incidences économiques de l’action pour le climat” pointe l’énorme coût économique de la transition et l’impérieuse nécessité de répartir équitablement les efforts. La CFDT salue ce rapport qui doit permettre de débattre des actions à mener pour atteindre les objectifs fixés d’ici à 2030.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 06/06/2023 à 12h00

Jean Pisani-Ferry a remis son rapport à la Première ministre le 22 mai dernier.
Jean Pisani-Ferry a remis son rapport à la Première ministre le 22 mai dernier.© France Stratégie - DR

Combien va coûter la transition écologique ? Comment la financer ? Sur ces questions, l’économiste Jean Pisani-Ferry et l’inspectrice des finances Selma Mahfouz ont planché pendant des mois, avant de remettre leur rapport à la Première ministre, Élisabeth Borne, le 22 mai. Premier choc : le coût – considérable – de la transition écologique est chiffré par les auteurs à quelque 66 milliards d’euros par an jusqu’en 2030, dont la moitié environ (soit 33 milliards) devrait être portée par les finances publiques. Selon eux, une telle somme se révèle indispensable pour faire face aux investissements nécessaires (électrification des transports, isolation les bâtiments, décarbonation de l’industrie…), espérer atteindre les objectifs de réduction de 55 % de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et ainsi construire une nouvelle économie verte.

« Nous allons devoir faire en dix ans ce que nous n’avons pas réussi à faire en trente ans… », préviennent d’emblée les auteurs. Au regard des chiffres avancés, la question suivante se pose : comment va-t-on financer cette transition ? Le rapport avance plusieurs pistes. La première consiste à alourdir la dette publique (ce qui suppose évidemment de creuser un déficit déjà très élevé), la seconde à revoir la fiscalité – option dans laquelle les auteurs préconisent notamment une taxation temporaire exceptionnelle des plus hauts revenus. Notons que ces deux options semblent avoir été écartées d’emblée par le gouvernement…

Des efforts devant être répartis équitablement

À propos de l'auteur

Emmanuelle Pirat
Journaliste

« La transition est spontanément inégalitaire », assurent-ils par ailleurs. Aussi, son coût économique « ne sera politiquement et socialement accepté que s’il est équitablement réparti ». Cette analyse est largement partagée par la CFDT, qui approuve pleinement la proposition de « délibérer sur les critères d’équité qui fondent l’action publique ».

Plus globalement, il apparaît indispensable de prendre en compte l’hétérogénéité des situations des ménages, des entreprises mais aussi des filières et des territoires en s’appuyant sur le dialogue social afin de s’assurer de la mise en œuvre effective de la transition.

« Ce rapport nous donne enfin l’opportunité de débattre démocratiquement des options qui s’offrent à nous pour atteindre nos objectifs climatiques, souligne Fabien Guimbretière, secrétaire national chargé de la transition écologique juste. La transition écologique juste ne se fera pas sans planification démocratique avec l’ensemble des acteurs. » La CFDT appelle donc sans plus tarder à engager le dialogue social à tous les niveaux afin de « planifier une transition écologique pleinement articulée aux impératifs de justice sociale ».