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La surveillance d’Amazon nuit gravement à la santé des salariés

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iconeExtrait de l’hebdo n°3861

Une étude de la fédération syndicale internationale UNI Global, publiée le 19 janvier, révèle l’impact négatif du “système de suivi des performances” sur la santé et le moral d’employés issus de huit pays.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 14/02/2023 à 13h00

Débrayage le 25 janvier dernier dans un entrepôt Amazon de Coventry (Grande-Bretagne) pour demander de meilleurs salaires et conditions de travail.
Débrayage le 25 janvier dernier dans un entrepôt Amazon de Coventry (Grande-Bretagne) pour demander de meilleurs salaires et conditions de travail.© John Harris/Report Digital - RÉA

« Stressé », « anxieux », sentiment d’être « comme un robot », « comme un esclave » : voilà autant de témoignages recueillis auprès de 2 000 salariés allemands, américains, australiens, britanniques, espagnols, français, italiens et polonais du mastodonte de la livraison à domicile (qui compte environ 1,5 million de salariés dans le monde). Qu’ils soient employés dans les entrepôts, dans les bureaux ou qu’ils soient chauffeurs, leur constat est sans appel : la surveillance et le rythme imposé par leur employeur portent atteinte à leur santé mentale et physique. Ainsi, 57 % des répondants à l’enquête affirment que cette surveillance constante a des conséquences négatives sur leur santé mentale, et 51 % sur leur santé globale. Pis, 65,7 % des conducteurs ont déclaré des impacts négatifs sur leur santé physique du fait du contrôle de leur productivité.

Des salariés parfois contraints à une forte prise de risques

78 % des chauffeurs livreurs estiment d’ailleurs pour eux-mêmes et les autres que ces objectifs sont difficilement atteignables, ou à un prix élevé. « J’ai l’impression de me noyer toute la journée, ce qui m’amène à conduire de manière dangereuse pour répondre aux attentes déraisonnables », témoigne un conducteur américain conscient de devenir un danger sur les routes. « Le suivi des erreurs par le système électronique ne prend pas en compte les conditions techniques et les problèmes des machines », déplore un magasinier polonais épuisé par les cadences infernales.

« Amazon ne peut pas détourner le regard lorsque des travailleurs du monde entier disent qu’aller au travail les rend malades et anxieux, affirme Christy Hoffman, secrétaire générale d’UNI Global Union. Cette société possède les données et les ressources afin de rendre leurs lieux de travail plus sûrs ; ils choisissent simplement d’ignorer les travailleurs qui veulent une voix pour améliorer leur travail et des solutions éprouvées comme les comités syndicaux de santé et de sécurité. »

Une décision rendue par le National Labor Relations Board (Agence fédérale américaine en charge du droit du travail) le 30 janvier dernier confirme une nouvelle fois la stratégie d’entrave au mouvement syndical mis en place par le groupe. Le juge a reconnu les pressions exercées sur les salariés des deux entrepôts new-yorkais en amont de la tenue d’élections. « La justice confirme qu’Amazon enfreint le droit du travail dans un effort antisyndical, c’est une nouvelle victoire qui compte, a réagi le syndicaliste Christian Smalls, créateur et président de l’ALU1. Cela n’arrive qu’en s’organisant. Continuons ! »