La solidarité syndicale avec l’Ukraine s’inscrit dans la durée

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iconeExtrait de l’hebdo n°3880

Le 20 juin, les organisations syndicales ukrainiennes KVPU et FPU étaient présentes à la Bourse du travail de Paris. Elles répondaient à l’invitation de l’intersyndicale française (CFDT, CGT, CFE-CGC, CFTC, FSU, Unsa, Solidaires), qui soutient depuis dix-huit mois les syndicats ukrainiens. Ce rendez-vous a permis de revenir sur les actions passées et d’esquisser les coopérations futures.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 27/06/2023 à 12h00

À la Bourse du travail de Paris, le 20 juin dernier…
À la Bourse du travail de Paris, le 20 juin dernier…© DR

Depuis le 24 février 2022 et l’attaque de l’Ukraine par la Russie, les organisations syndicales françaises se sont pleinement mobilisées en faveur de leurs homologues ukrainiennes. « Passé le choc et l’effroi, nous nous sommes demandé comment nous pouvions être utiles », se souvient Hélène Deborde, secrétaire confédérale au service International de la CFDT.

C’est ainsi que se multiplient collectes, dons et autres actions de solidarité. Un premier convoi intersyndical humanitaire est arrivé en Ukraine dès juillet 2022, précédant celui de janvier 2023, à l’occasion duquel plus de sept tonnes de produits de première nécessité et de l’électroménager ont été acheminées. « Nous avons répondu à l’urgence, c’est maintenant le moment de se tourner vers l’avenir », insistait, il y a quelques jours, la CFDT lors d’une rencontre intersyndicale organisée à la Bourse du travail en présence des syndicats ukrainiens FPU et KVPU.

« Merci à nos frères et sœurs français qui font vivre la solidarité internationale, a lancé Mykhailo Volynets, président de la Confédération des syndicats libres d’Ukraine (KVPU). Nos bébés ont grandi avec des produits français. » « Nous vous remercions pour le précieux soutien que vous nous apportez. C’est ensemble que nous gagnerons cette guerre et rejoindrons l’Union européenne », a rebondi Vassyl Andreyev, vice-président de la Fédération des syndicats d’Ukraine (FPU). « Notre coopération durera aussi longtemps que nécessaire, a répété Béatrice Lestic, secrétaire nationale de la CFDT. Nous serons à vos côtés pour plus de démocratie, pour la défense des droits des travailleurs. »

Les droits bafoués des travailleurs ukrainiens

Car le soutien des syndicats français ne se cantonne pas à l’organisation de l’aide humanitaire. « L’Ukraine de demain doit devenir un exemple de démocratie fondée sur le respect des droits sociaux et des libertés syndicales, écrivent d’ailleurs dans une déclaration commune les huit organisations syndicales françaises. Cette perspective ouvre de nombreux chantiers, notamment en [matière de] droit du travail. » De fait, et alors que le chômage atteint les 26 %, les travailleurs ukrainiens doivent faire face aux attaques de leur Parlement (la Rada). Ce dernier a voté en juillet 2022 deux lois qui remettent en cause le droit du travail.

« Ces textes ont été élaborés avant le début de la guerre. Le gouvernement, poussé par des oligarques et le Parlement, semble clairement profiter de la guerre et de la loi martiale pour détruire le droit social », détaille Hélène Deborde. Si elles étaient appliquées, ces lois pourraient priver de convention collective 70 % des travailleurs et instaurer des contrats « zéro heure » !

Former les syndicalistes en vue de l’adhésion de l’Ukraine à l’UE

Autre chantier, celui de l’éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, une entrée rendue possible depuis que le Conseil européen lui a accordé le statut de candidat, le 28 février dernier. Cette annonce a évidemment été accueillie positivement par la CFDT, qui souhaite renforcer sa coopération en formant les syndicalistes ukrainiens.

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

C’est d’ailleurs en ce sens que la CFDT, avec la Confédération des syndicats chrétiens (Belgique), l’OPZZ (Pologne) et leurs homologues ukrainiennes se retrouveront du 10 au 13 juillet à Varsovie pour un temps de travail autour des valeurs de l’UE et de l’Europe sociale. « Nous voulons que nos enfants vivent dans une Ukraine démocratique, dans une Union européenne forte », réaffirme Nataliya Levytska, vice-présidente de la KVPU. « Notre solidarité ne faiblira pas, nous serons en appui de nos camarades autant de temps qu’il le faudra », prévient pour sa part Hélène Deborde.