La semaine en quatre jours à marche forcée

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iconeExtrait de l’hebdo n°3914

Le 22 mars, la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) a publié une note sur la mise en place de l’expérimentation de la semaine en quatre jours dans la fonction publique de l’État. Alors que celle-ci pourrait commencer d’ici à la fin avril, la CFDT-Fonctions publiques déplore la méthode et regrette l’absence de dialogue social.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 02/04/2024 à 12h00

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© Fanny/RÉA

Une nouvelle fois, le gouvernement avance ses pions sur les conditions de travail et son organisation sans consulter les organisations syndicales au préalable. « Nous n’avons pas eu notre mot à dire dans la mise en place de cette expérimentation, constate Carole Chapelle, secrétaire générale adjointe de la CFDT-Fonctions publiques. Le document de cadrage publié le 22 mars a été adressé le même jour aux organisations syndicales. »

Déjà, lors de son discours de politique générale du 31 janvier 2024, le Premier ministre, Gabriel Attal, avait donné le ton : « Lorsque j’étais ministre des Comptes publics, j'avais décidé, contre vents et marées, d'expérimenter dans mon administration non pas la semaine de quatre jours, mais la semaine en quatre jours, sans réduction du temps de travail. » C’est donc bien « contre vents et marées » que cette nouvelle forme d’organisation du travail va faire son apparition dans la fonction publique d’État dès les semaines à venir. L’expérimentation pourrait en effet débuter dès la fin avril (et au plus tard en septembre) pour une durée d’un an au minimum.

Risque de mise en concurrence avec le télétravail

De quoi parle-t-on ? Lorsque l’on évoque la semaine EN quatre jours (et à effectifs constants), le volume horaire annuel reste inchangé, à savoir 1 607 heures. Le document de cadrage précise que d’autres formes de modulation sont envisageables : quatre jours et demi ou une alternance de semaines de quatre et cinq jours.

Premier grief de la CFDT-Fonctions publiques : l’intérêt des agents n’est pas pris en compte. « Seules les dimensions de fonctionnement des services et de services rendus à l’usager entrent en considération dans la vision du gouvernement. » Par ailleurs, la CFDT-Fonctions publiques alerte également sur le fait qu’il sera très compliqué pour les agents d’obtenir la réversibilité une fois la démarche engagée. Autre inquiétude : l’articulation avec le télétravail. « Il y a un risque élevé que les agents se voient refuser le télétravail et soient fortement incités à passer aux quatre jours », craint Carole Chapelle.

Inquiétude au sujet des RTT

Dernier point de vigilance : les RTT. Afin de permettre la conciliation de la semaine en quatre jours avec une amplitude horaire n’excédant pas dix heures, le texte prévoit que des « dispositions peuvent être envisagées telles que la réduction du nombre de jours de RTT au forfait, dans un niveau à définir ». C’est inacceptable pour la CFDT-Fonctions publiques.

Un bilan de l’expérimentation est prévu à l’été 2025. Mais il semble que le résultat soit évident selon le gouvernement puisque la note précise qu’il s’agit d’un bilan « pour pérennisation ou extension de la semaine de quatre jours ».

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

« Nous serons très attentifs tout au long de l’expérimentation. Nous signalerons les dysfonctionnements, les pressions subies par les agents et nous demanderons la mise en place d’un comité de suivi en cas de généralisation, déclare Carole Chapelle. Il n’est pas question que les agents soient les perdants de cette fausse bonne idée improvisée par le gouvernement. »