“La poule aux œufs d’or, pour l’instant, elle se fait plumer !”

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iconeExtrait de l’hebdo n°3884

Entre colère et dépit, les salariés de Bodin (volailles bio), à Sainte-Hermine (Vendée/Pays de la Loire), ont appris la fermeture de leur usine, prévue en octobre. Sur les 104 emplois, 88 licenciements pourraient être prononcés. La mobilisation de la CFDT a permis d’améliorer les conditions du PSE.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 25/07/2023 à 12h00

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« On nous disait toujours que ce site, c’était la poule aux œufs d’or du groupe ! Eh bien, pour l’instant, la poule, elle se fait plumer ! » Elle est colère, Isabelle Dieumegard, la déléguée syndicale CFDT du site Bodin-Galliance de Sainte-Hermine, à l’issue du débrayage organisé le 18 juillet pour protester contre la faiblesse du plan social et des mesures prévues par la direction en vue d’accompagner la fermeture de ce site de 104 salariés.

L’usine, spécialisée dans la découpe et le conditionnement de volailles bio (qui appartient au groupe coopératif Terrena), va fermer ses portes à la mi-octobre 2023. Sur ces 104 personnes, l’ensemble du personnel de production, soit 74 personnes, devrait être licencié ; le personnel administratif (13 personnes) devrait, quant à lui, recevoir une proposition de mobilité sur un autre site du groupe, à Ancenis… ville située à 130 kilomètres. « En tout, il pourrait donc y avoir jusqu’à 88 licenciements », décompte Isabelle, elle-même concernée par le PSE. Comme c’est souvent le cas dans ce secteur, une majorité de salariés sont des femmes – et, ici, la moitié de l’effectif a plus de 50 ans.

Sentiment d’injustice

« La direction justifie cette fermeture en prétendant que le site est vieillissant, que sa modernisation aurait nécessité un investissement de plusieurs millions d’euros, alors qu’elle a fait construire une usine flambant neuve à Ancenis, avec des capacités importantes de production ! », explique Agnès Vallier, consultante du cabinet Syndex, qui accompagne l’équipe CFDT en lien avec le cabinet d’avocats LBBa et Catalys. « Humainement parlant, ces arguments ne passent pas. »

« On nous a toujours dit que nous étions une des usines du groupe qui rapportaient le plus. Cela rend la situation difficile à comprendre », souligne Isabelle. Certes, ces derniers mois, « la production a baissé, du fait de la grippe aviaire et du retournement du marché du bio. Avec l’inflation, le bio est devenu hors de prix pour beaucoup de ménages ».

La mobilisation CFDT a payé

À l’issue de la dernière séance de négociation du plan de sauvegarde de l’emploi, le 20 juillet, Isabelle avait retrouvé, à défaut du sourire, un peu de sérénité. « Notre mobilisation a payé. La direction a accepté d’améliorer les conditions du PSE », souligne-t-elle, en détaillant des conditions supralégales, une prime pour les mobilités internes avec une aide au déménagement, une prime incitative pendant le congé de reclassement…

À propos de l'auteur

Emmanuelle Pirat
Journaliste

« Nous avons apporté la preuve que le groupe avait, avec la fermeture et la vente du site, les moyens de financer un plan social digne de ce nom – alors qu’au départ, le budget des mesures du PSE était très bas. Cette revalorisation était attendue, d’autant plus quand il s’agit d’un groupe coopératif », complète Agnès Vallier. L’accord est mis à la signature pour le 4 septembre.