La CFDT s’oppose à la suppression des APL pour les étudiants étrangers non boursiers

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icone Extrait de l'hebdo n°3985

Une pétition de la Fondation pour le logement des défavorisés demande aux députés de ne pas voter l’article 67 du PLF 2026, qui supprime les aides au logement pour les étudiants étrangers non boursiers. La CFDT est signataire.

Par Sabine IzardPublié le 04/11/2025 à 13h00

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© Fondation pour le logement des défavorisés

Alors que la crise du logement frappe de plein fouet les jeunes et les ménages modestes, le projet de loi de finances (PLF) marque un nouveau recul inquiétant en matière de solidarité nationale. Le gouvernement propose en effet de geler les APL, mais aussi de les supprimer (purement et simplement) pour les étudiants extra-européens non boursiers. Une telle mesure pourrait priver plus de 300 000 étudiants de ce soutien essentiel, selon la Fondation pour le logement des défavorisés (anciennement Fondation Abbé Pierre). Elle a donc pris l’initiative d’une pétition (signée par la CFDT) afin de demander aux députés de ne pas voter cette disposition ; pétition doublée d’une tribune publiée le 3 novembre dans le journal Le Monde.

Cette décision d’exclure des APL1 la quasi-totalité des étudiants étrangers non européens est d’autant plus inacceptable qu’elle se produirait « sans étude d’impact ni justification », dénonce la fondation. Seuls les bénéficiaires d’une bourse attribuée sur critères sociaux (en l’occurrence, cela concerne « moins d’un étudiant sur dix ») continueraient d’y avoir droit. « Pour les autres, ce serait entre 100 et 250 euros de moins par mois, dans un contexte déjà marqué par des loyers élevés, la pénurie de logements étudiants et la flambée du coût de la vie », poursuit la fondation.

Une précarité grandissante pour les étudiants

Selon la CFDT, « le gouvernement, qui a abandonné toute politique du logement depuis plusieurs années, part du principe que les étudiants non boursiers ne sont pas dans le besoin. C’est faux. Beaucoup n'obtiennent pas ce statut de boursier car les conditions d'accès sont très restrictives et parcours administratif est long et difficile, explique Antoine Le Bot, secrétaire confédéral chargé du dossier logement, politique de la ville et cadre de vie. La suppression des APL viendrait aggraver une précarité déjà structurelle, au risque de provoquer des abandons d’études et de pousser des étudiants à la rue ».

En 2023, 41 % des étudiants étrangers déclaraient éprouver des difficultés financières telles qu’il leur était impossible de faire face à leurs besoins alimentaires ou énergétiques (contre 15 % des étudiants français), selon l’Observatoire de la vie étudiante.

La CFDT rejette la notion de préférence nationale

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Sabine Izard
Journaliste

De la même manière, la CFDT rejette la logique de préférence nationale sous-tendue par l’article 67 du projet de loi de finances. « C’est parce que l’on est étranger que l’on ne perçoit pas les APL. La CFDT s’oppose à cette différenciation entre les étudiants », affirme Antoine Le Bot. Dans un contexte où la précarité étudiante s’aggrave, « aucune politique publique ne doit laisser une partie de la jeunesse à l’écart de la solidarité nationale, alors même que ces étudiants représentent l'avenir de la France dans la santé, la recherche ou encore l'ingénierie ».