La CFDT Santé-Sociaux du Finistère quadrille son territoire

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icone Extrait de l'hebdo n°3982

Depuis plus de cinq ans, la CFDT Santé-Sociaux 29 s’appuie sur ses “animateurs territoriaux” pour assurer le suivi et l’accompagnement des agents et des sections syndicales des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du département. Un travail de fourmi qui porte ses fruits.

Par Guillaume LefèvrePublié le 14/10/2025 à 12h00

De gauche à droite : Alan, Sonia, Virginie et Élodie.
De gauche à droite : Alan, Sonia, Virginie et Élodie.© Syndheb

Entre écoute, soutien professionnel et développement syndical, les quatorze animateurs territoriaux du Syndicat CFDT Santé-Sociaux 29 ne chôment pas. De Pont-l’Abbé à Saint-Pol-de-Léon en passant par Lannilis, ils sont le trait d’union entre le syndicat, les sections CFDT du Finistère et les agents, pour lesquels ils se donnent corps et âme. Conseils juridiques, aide à la préparation des instances, accompagnement dans les tournées de service, soutien à la préparation des négociations ou simple coup de fil « pour rassurer »… : ces animateurs territoriaux, issus d’une section dédiée aux missions de proximité, font figure de couteaux suisses pour les établissements du secteur dont ils assurent le suivi. « Nous sommes là pour orienter et répondre à toutes les questions qui peuvent se poser dans la vie quotidienne d’une section ou d’un établissement », résume Élodie Bernard, chargée du secteur Finistère Sud. Infirmière de métier, elle est également secrétaire de section de l’établissement public de santé mentale de Quimper… Couteau suisse, on vous dit !

Le rôle de ces animateurs territoriaux se révèle d’autant plus crucial qu’il n’est pas rare que les élus de petites structures se retrouvent seuls face à leur direction ou doivent courir après l’information… « Nous avons mis en place notre dispositif après avoir constaté que certaines équipes pouvaient éprouver des difficultés ou étaient inquiétées par l’arrivée de concurrents dans leurs établissements, avec l’idée qu’il ne fallait perdre personne en route », explique Christelle Kermaïdic, animatrice de la branche publique CFDT Santé-Sociaux 29. Concrètement, il s’agit donc d’aider au maintien d’une présence CFDT, à la création d’une section ou d’une implantation syndicale.

Faciliter le travail de ceux qui militeront demain

« On s’appuie sur nos expériences. On repense à ce qui nous a manqué quand nous avons commencé à militer, et l’accompagnement que l’on aurait aimé avoir. On veut faire en sorte que celles et ceux qui aujourd’hui nous rejoignent et veulent prendre un mandat puissent le faire le plus confortablement possible, poursuit Alan Rohou, animateur territorial. Car le militant doit pouvoir se dire : “OK, je suis élu CFDT, en cas de doute sur une procédure ou si j’ai besoin de soutien, je sais que je peux appeler mon animateur territorial, que cet interlocuteur est bien identifié.” C’est rassurant. »

C’est d’ailleurs de ce travail d’introspection que sont nées les « fiches réflexes » mises à disposition par le syndicat. Cette sorte de boîte à outils est enrichie et complétée en fonction des besoins, des attentes et des interrogations les plus courantes des sections : cela concerne le temps de travail, le report des congés annuels, le compte épargne-temps, etc. Outre le gain de temps que cela offre aux militants de la section, une telle centralisation assure l’unité de l’information : chacun dispose du bon document correctement mis à jour.

« Il y a des choses qu’on ne se voit pas forcément faire sans le soutien des animateurs », témoigne Sonia Falc’hun, aide-soignante et secrétaire de la section de l’Ehpad des Abers, à Lannilis. Or la militante aguerrie et ses collègues sont confrontés à un projet de restructuration et veulent s’assurer de respecter la marche à suivre. « On veut être certains que le protocole d’accord de méthode qui lancera les discussions avec notre direction soit le plus carré et cadré possible ! »

Faire monter en compétences pour pouvoir bien militer

Il faut aussi se rendre disponible quand il s’agit de mobiliser à l’entrée des établissements. Le 12 juin 2025, lorsque les personnels de l’Ehpad des Abers ont débrayé, ils ont pu compter sur le large soutien des camarades du département. « La montée en compétences des militants constitue également un axe fort de notre mission, précise Christelle Kermaïdic. Plutôt que de faire à la place de, on aide à faire, on fait avec… » Ici, autonomie et émancipation sont des notions particulièrement importantes.

La relation de confiance, les animateurs territoriaux l’ont construite sur le long terme. Virginie Rannou, secrétaire de section CFDT du Centre hospitalier de Lanmeur et animatrice territoriale chargée du secteur Finistère Nord, se souvient qu’elle a d’abord rendu une visite hebdomadaire aux adhérents de l’Ehpad Haut Léon ; lesdites visites sont devenues bimensuelles puis mensuelles. Tous les kilomètres parcourus par l’animatrice territoriale ont abouti à la création d’une section. Il aura parfois fallu trois ans aux collègues pour sauter le pas de la création de section, mais ce travail au long cours conforte le Syndicat CFDT Santé-Sociaux dans sa stratégie. Et comme une bonne nouvelle n’arrive pas forcément seule, c’est une autre section CFDT qui a vu le jour en 2025, cent kilomètres plus au sud, au sein de la maison de retraite Ty Pors-Moro à Pont-l’Abbé.

Ces deux succès seront sans aucun doute au menu des discussions du prochain rendez-vous semestriel lors duquel se retrouveront l’ensemble des animateurs territoriaux. Un tour de table permettra alors à chacun de faire un point de situation et d’établir un bilan des six mois écoulés. Il sera question de l’état et de la forme des sections, de la coordination des actions, de stratégie, d’évaluation des besoins individuels et collectifs. « On constate que les directeurs d’établissement travaillent en réseau ; il est donc important de montrer que nous le faisons aussi de notre côté », précise Élodie Bernard.

Des animateurs territoriaux bien identifiés et appréciés

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Après cinq années, les animateurs territoriaux semblent avoir trouvé leur rythme de croisière. Et ils feront tout pour arriver à bon port, en décembre 2026, à l’occasion des élections professionnelles. « Nous ne voulions pas tomber comme un cheveu sur la soupe devant les agents à la veille du scrutin, explique Alan Rohou. En nous déplaçant régulièrement dans les établissements, nous sommes clairement identifiés. Les agents voient que nous sommes présents tout au long du mandat et qu’ils peuvent compter sur nous. » L’horizon du syndicat ne s’arrête pas là, puisque les militants aimeraient dupliquer leur dispositif dans le secteur privé. À suivre…