Grande distribution : les zones d’ombre persistent autour de la reprise du groupe Casino

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iconeExtrait de l’hebdo n°3884

Le trio de créanciers retenu par le groupe pour se désendetter n’a pas encore communiqué en détail sur sa stratégie permettant d’assurer l’avenir des magasins. La CFDT reste donc vigilante.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 25/07/2023 à 12h00

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© Laurent Grandguillot/RÉA

Le groupe Casino (Casino, Monoprix, Franprix, Naturalia, Cdiscount…) devrait changer de propriétaire. Le 17 juillet, le distributeur a retenu l’offre de recapitalisation et de restructuration de sa dette des milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, avec le fonds britannique Attestor.

Les négociations doivent encore se poursuivre « afin de parvenir à un accord de principe sur la restructuration de la dette financière du groupe d’ici la fin du mois de juillet 2023 », a indiqué Casino dans un communiqué. Le plan du trio prévoit notamment de faire passer la dette du groupe de 6,4 milliards d’euros (chiffre de la fin 2022) à 1,2 milliard d’euros d’ici à 2024 et de détenir le groupe à 53 %. Jean-Charles Naouri, qui a mis la main sur Casino il y a plus de trente ans, ne serait donc plus le propriétaire du groupe à l’issue de l’opération.

L’avenir des magasins en suspens

Concernant l’activité et l’emploi, le trio souhaite, peut-on lire dans un document publié par le groupe Casino (208 254 salariés dans le monde), maintenir « le siège social à Saint-Étienne et des fonctions administratives, qui y seront rassemblées. Saint-Étienne a vocation à devenir le centre d’innovation du groupe ». Il est aussi précisé qu’il n’y a « pas de suppression d’emplois prévue par le plan » et que « le plan vise la création d’emplois en magasins et centres logistiques »… sans plus de précisions.

À propos de l'auteur

Fabrice Dedieu
Journaliste

« Nous sommes plus qu’inquiets. Cette offre ne nous inspire pas grand-chose car elle n’est pas encore définitive », indique Jean-Luc Farfal, le délégué syndical CFDT du groupe Casino. « J’entends parler de démantèlement, de franchise… Est-ce que de l’argent sera injecté dans les magasins ? Nous n’avons aucune visibilité à ce jour. Et tant que nous ne savons pas, nous ne serons pas optimistes. » À juste titre ? Le fait est que Lidl a déjà fait savoir à l’un des trois investisseurs sa volonté de reprendre 600 magasins Casino et Monoprix.

Carrefour met la main sur les magasins Cora et Match

Carrefour a annoncé mercredi 12 juillet avoir acquis 60 hypermarchés et 115 supermarchés des enseignes Cora et Match (groupe Louis Delhaize), employant 24 000 salariés. L’achat devrait être finalisé d’ici à l’été 2024. Dans un communiqué, la CFDT-Services regrette que les salariés et leurs représentants syndicaux aient appris cette nouvelle par voie de presse. Il est demandé « aux directions des trois enseignes de transmettre les éléments sociaux et économiques indispensables à la compréhension des conséquences et des enjeux de ces rachats ». La fédération « craint une nouvelle dégradation [des conditions de travail] avec ces rachats et des départs massifs » : « Dans la grande distribution, les annonces de rachat, de passage en franchises se multiplient. La CFDT-Services affirme que les salariés, déjà durement éprouvés par les années Covid et la perte de pouvoir d’achat, ne peuvent être l’unique variable d’ajustement pour garantir les profits des actionnaires. »