Être utile aux étudiants et aux agents

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icone Extrait de l'hebdo n°3989

Malgré le manque chronique de moyens, la section CFDT du Crous Amiens Picardie se bat pour les conditions de travail des agents et le maintien d’un service de qualité offert aux étudiants.

Par Claire NillusPublié le 02/12/2025 à 13h00

Quelques militants et adhérents CFDT du Crous Amiens Picardie entourent le responsable syndical Raymond Rivière (au milieu, portant des lunettes).
Quelques militants et adhérents CFDT du Crous Amiens Picardie entourent le responsable syndical Raymond Rivière (au milieu, portant des lunettes).© Syndheb

C’est une petite ville en soi, le Crous Amiens Picardie. Avec un ensemble de vingt résidences (soit 3 367 lits), huit restaurants universitaires et dix-huit cafétérias, l’établissement public administratif emploie 291 agents et contractuels à temps plein. « C’était un fief CGT… et la CFDT est devenue majoritaire ! », se félicite Raymond Rivière, responsable de la section du Crous Amiens Picardie depuis 2008. Ce cédétiste convaincu a commencé seul avec Jean-Jacques, un collègue expérimenté, qui l’a aidé à monter la section. Aujourd’hui, elle totalise 96 adhérents. « Ce qui en fait une grosse section, connue et crédible. » Et surtout une section qui sait se mobiliser, jusqu’à la grève s’il le faut, pour être entendue.

Ainsi, en octobre 2025, elle a déposé un préavis de grève illimitée au restaurant universitaire de Beauvais (Oise / Hauts-de-France) tant les employés n’en pouvaient plus de travailler un week-end sur deux : l’appel a été suivi par 99 % de grévistes. Depuis, sur proposition de la CFDT, le système « Crous & go’ » (repas préparés à l’avance, à emporter) a été mis en place, permettant à l’activité de cesser partiellement pendant les week-ends. La direction a également accepté de lancer une étude concernant les besoins en ETP1 dans cette structure et de mettre en place une nouvelle organisation qui acterait à terme la fermeture le samedi soir et le dimanche midi. Les salariés sont soulagés : ils n’auront plus qu’à être présents un week-end sur six au travail.

“On manque de chariots, de plateaux, de couverts”

« Cest une avancée mais nous sommes toujours à la recherche de moyens humains et matériels supplémentaires, notamment pour lactivité de restauration », développe Raymond Rivière. En plus des restaurants universitaires existants, des cafétérias se sont implantées un peu partout sans qu’il y ait d’embauches à la clé, simplement en redéployant du personnel d’un site à l’autre. « L’État verse moins de subventions pour le fonctionnement du Crous, et les recettes qui constituent nos fonds propres ne comblent pas ce manque… On tourne en rond », estime-t-il.

Depuis le début de l’année, avec le repas à un euro destiné aux boursiers et aux étudiants en situation de précarité, les restaurants ont vu leur fréquentation augmenter de 35 % en moyenne. Sans remettre en cause cette mesure sociale absolument nécessaire – que le Crous Amiens Picardie a été l’un des premiers à mettre en œuvre –, la CFDT remarque que les moyens n’ont pas suivi pour les agents. Près de 600 000 repas à un euro ont été servis cette année, et un million et demi de repas en tout. « Mais on manque de chariots, de plateaux, de couverts. Parfois, on rapporte des couteaux de chez nous », raconte Véronique, serveuse et caissière.

En vue d’améliorer les conditions de vie et d’accueil des étudiants, il faut aussi impérativement veiller aux conditions de travail des agents, rappelle sans cesse la CFDT. « Pour constituer des réserves d’heures afin de modifier les plannings ici et là, on leur demande de faire en six heures ce qu’ils font d’habitude en huit ; c’est inacceptable ! Nous avons demandé que la direction effectue une analyse du temps de travail hebdomadaire en dessous duquel ce travail ne peut être accompli sans tension. Elle s’y est engagée, on verra ce qu’il en ressort. » Car réduire la durée du travail sans diminuer la charge de travail constitue un facteur de stress, de troubles musculosquelettiques, d’accidents du travail et, in fine, d’absentéisme. « Là encore, on tourne en rond, au lieu de mettre en place des solutions pour que cela fonctionne mieux », s’agace un militant.

Harmonisation des droits et respect des fiches métiers

En cette fin d’année, la CFDT est donc montée au créneau avec onze revendications. Précises et argumentées, elles ont toutes été prises en compte. Parmi celles-ci, un alignement de la rémunération des contractuels « CDIsés » sur celle des titulaires à grade égal et à responsabilités égales à compter de janvier 2026, la régularisation des écarts constatés entre les fiches métiers nationales et le travail effectif réalisé par certains agents, une requalification pour ceux qui assument des fonctions supérieures à leur grade actuel.

À propos de l'auteur

Claire Nillus
Journaliste

« La direction s’est engagée à faire le nécessaire pour corriger ces situations ; la section y veillera, bien sûr. ». En 2026, elle espère remporter plus de voix aux élections professionnelles. « La dernière fois, nous avons eu trois sièges sur cinq. Nous espérons en avoir un quatrième », indique Jean-Noël, secrétaire de la F3SCT (formation spécialisée en santé, sécurité et conditions de travail). Cet informaticien craint cependant les effets négatifs du vote électronique, qui sera déployé pour la première fois dans la région. « Système D, comme d’habitude ! Nous allons donc faire des tournées et, pendant une semaine, nous irons partout aider à voter sur ordinateur. »