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Extrait de l'hebdo n°3976
Le choc de l’annonce par François Bayrou du vote de confiance le 8 septembre prochain a accéléré l’agenda de cette rentrée sociale. Réunis le 29 août dernier, les membres de l’intersyndicale ont décidé d’une riposte commune aux mesures d’austérité budgétaires du gouvernement et d’une date de mobilisation, le 18 septembre.

En janvier 2025, François Bayrou, en prenant son poste, se targuait de vouloir « remettre les acteurs sociaux au cœur du jeu démocratique » tout en misant sur la désunion des protagonistes. Il aura réussi – avec ses pistes budgétaires d’une brutalité sans précédent, annoncées à la mi-juillet – à renforcer le niveau d’exaspération sociale et à resserrer encore un peu plus les rangs d’une intersyndicale unie de nouveau après le mouvement contre la réforme des retraites. « Les quelques avancées ponctuelles énoncées ces derniers jours ici ou là ne sont pas de nature à compenser le musée des horreurs qui nous a été présenté en juillet », juge Marylise Léon, secrétaire générale cédétiste. Une réponse directe aux vaines tentatives de François Bayrou, lors de l’université syndicale d’été de la CFDT, de fissurer le front syndical.
Les huit organisations syndicales avaient initialement prévu de se retrouver le 1er septembre pour organiser la riposte. Mais le choix du Premier ministre de solliciter la confiance du Parlement concernant le budget le 8 septembre prochain a quelque peu bousculé l’agenda et avancé de quelques jours la rentrée sociale. Réunis le 29 août au siège de la CFDT, les différents numéros un ont affiché leur unité en images et en paroles, annonçant lors d’une conférence de presse une journée de mobilisation dans l’ensemble du territoire national le 18 septembre prochain.
“Un temps syndical qui n’appartienne qu’à nous”
Côté CFDT, « cette journée était dans les tuyaux depuis la mi-juillet », assure Marylise Léon. Si la date de cette riposte commune a un temps été envisagée à la fin septembre ou au début du mois d’octobre, le choix du 18 n’a souffert d’aucune contestation au sein de l’intersyndicale et répond au désir partagé d’éviter une quelconque récupération politique. « Nous voulons un temps syndical qui n’appartienne qu’à nous… Un mouvement social, ça ne se décide pas sur un coup de tête. Avec la date du 18 [septembre], nous voulons offrir un espace d’expression aux travailleurs exaspérés et envoyer un message clair : le monde du travail ne veut pas être le seul à payer le prix de la dette ! » Et à ceux qui l’interrogent sur le risque d’une carence de gouvernement, elle appelle à « ne pas confondre les agendas politiques. Le 18 septembre, c’est avant la rentrée parlementaire ». Une façon de répondre clairement à La France insoumise, qui, ces derniers jours, exhortait les organisations syndicales à rejoindre le mouvement de blocage du pays, le 10 septembre prochain. « Tout bloquer, la désobéissance, ce n’est pas la méthode de la CFDT », a rappelé Marylise Léon il y a déjà quelques jours sur BFM ; une position qui a d’ailleurs été rejointe par plusieurs autres organisations syndicales.
Une crise sociale et démocratique profonde
En revanche, dans leur déclaration commune, les organisations syndicales se réservent « la possibilité de prendre toute initiative nécessaire après le 18 septembre », y compris porter ses propres revendications, celles qu’appelle l’urgence sociale. « Pour nos organisations, la construction d’un autre budget porteur d’espoir, de justice sociale et de justice fiscale est impérative », résume le communiqué commun. Et qu’importe l’identité de la personne qui occupera le siège de Premier ministre à Matignon le 18 septembre prochain.
Indépendamment des annonces budgétaires de la mi-juillet, c’est bien une immense colère consécutive à la politique menée ces dernières années par l’exécutif qui gronde dans les rangs syndicaux et au-delà. « Personne ne peut méconnaître le mécontentement et la fatigue de la population », rappellent d’ailleurs les organisations en préambule de leur déclaration commune. En effet, « depuis le passage en force du président de la République sur la réforme des retraites, notre pays s’enfonce dans une profonde crise sociale et démocratique […] ce qui creuse la dette, ce sont aussi les baisses d’impôts pour les riches et les 211 milliards d’euros d’aides publiques captées par les plus grandes entreprises ».
Changer la donne et obtenir des avancées
Aussi, les organisations syndicales ont-elles fait le choix d’attacher à la contestation un certain nombre de mots d’ordre : des moyens budgétaires à la hauteur des missions des politiques publiques, des mesures de justice fiscale (au premier rang desquelles se trouve la taxation des très hauts revenus et patrimoines) et le conditionnement des aides aux entreprises, mais aussi l’abandon de l’âge de départ à la retraite à 64 ans… Autant d’avancées sociales que les principales organisations syndicales françaises entendent porter d’une seule voix, le 18 septembre. Pour, enfin, changer la donne.
Une pétition toujours en ligne
Dans la foulée des annonces budgétaires du Premier ministre, le 15 juillet dernier, l’intersyndicale avait dégainé une pétition visant à afficher son opposition aux mesures envisagées, au premier rang desquelles figurent la suppression de deux jours fériés, de nouvelles coupes dans les services publics, une remise en cause du droit du travail ou encore une énième réforme de l’assurance chômage. À ce jour, cette pétition, lancée au cœur de l’été, a récolté plus de 370 000 signatures…