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Extrait de l’hebdo n°3933
Les offensives contre les militants des droits de l’homme, avocats, journalistes et syndicalistes se multiplient. Deux militants du collectif “Tournons la page” sont portés disparus depuis deux mois et leur participation à une manifestation contre la censure des médias guinéens. Membre de ce collectif, la CFDT appelle le gouvernement français à dénoncer les dérives autoritaires du président Mamadi Doumbouya.
« Nous appelons la France à condamner publiquement les violations des droits humains en Guinée et nous appelons à la libération immédiate de Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah », écrivent la CFDT, la Ligue des droits de l’Homme, CCFD-Terre Solidaire et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), entre autres organisations, dans une tribune parue le 7 septembre dernier dans le journal Libération. Les deux hommes n’ont plus donné signe de vie depuis le 9 juillet, date à laquelle ils participaient à une campagne pacifique dénonçant la censure des médias par le gouvernement du « président de transition », Mamadi Doumbaya. Rappelons que les militaires ont pris le pouvoir dans le pays en septembre 2021 à la suite de la réélection controversée du dirigeant alors en place, Alpha Condé.
Coupure des réseaux sociaux
1. Bénin, Burundi, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Malawi, Mali, Niger, Ouganda, RDC, Sénégal, Tchad et Togo.
Les signataires rappellent que, ces derniers mois, le gouvernement a interdit les manifestations, restreint l’accès à internet et contraint plusieurs médias indépendants à cesser leurs activités. « Aujourd’hui, de nombreux opposants politiques et membres de la société civile sont en exil ou en prison », déplorent les membres de Tournons la page, mouvement citoyen international regroupant près de 250 organisations dans quinze pays africains1. D’après les dernières données d’Amnesty International, 47 personnes auraient été tuées dans les manifestations depuis l’arrivée au pouvoir du régime militaire, il y a bientôt trois ans. « Nous appelons à la libération immédiate de tous les militants de la démocratie et des défenseurs des droits des travailleurs », clame Didier Szliwka, du service international de la CFDT, appelant ainsi la France à « sortir de son silence ».
« Ce silence interroge en France mais aussi en Guinée. Il questionne sur la proximité, voire la complaisance, que la France entretient, une fois de plus, avec un gouvernement autoritaire en Afrique, insistent d’ailleurs les signataires de la tribune. Il est crucial que le futur gouvernement prenne rapidement position et s’exprime clairement. Son silence pourrait être interprété comme une approbation tacite des dérives autoritaires observées à Conakry, ce qui mettrait la France dans une situation délicate. »