La crise a provoqué une profusion d’initiatives solidaires, d’idées, de nouvelles coopérations. Sans pour autant en déduire que le « monde d’après » nous réserve un grand soir, mais de quoi donner des perspectives nouvelles. Une occasion à ne pas manquer.

Quand, au soir du 14 mars, tous les rideaux des 80 boutiques françaises d’Armor-lux ont été baissés, le président du célèbre fabricant breton de marinières (580 salariés en France dont 350 à Quimper) a senti le sol tanguer. « Nous commencions tout juste à commercialiser la collection d’été. L’activité s’est arrêtée net. Nous avons aussi fermé l’usine et mis les salariés au chômage partiel », raconte Jean-Guy Le Floch, la voix encore éprouvée par ces semaines de lutte dans la tempête du Covid-19.
Mais dès le lundi 16 mars au matin, un appel du CHU de Brest – dont il est proche depuis plusieurs années au titre d’ambassadeur d’une de leurs fondations – l’invite à produire des masques et des blouses pour les soignants. Tout le monde sur le pont : une réunion avec les élus du comité social et économique (CSE) le lendemain avalise la transformation de la production. Depuis, Armor-lux fabrique quelque 3 000 masques par jour pour répondre aux besoins du territoire. À l’image de cette marque made in France qui a réorienté son activité en quelques jours afin de répondre aux besoins urgents nés de la crise, on ne compte plus le nombre d’entreprises qui se sont, elles aussi, mobilisées.
Dès les premiers jours du confinement, on a vu naître un foisonnement d’initiatives, dans un étonnant et fécond mélange d’inventivité et de solidarité, d’engagement citoyen et de système D, pour produire masques, gel, visières, etc. Ici, c’est un fabricant d’emballages ménagers, Jet’Sac, filiale du groupe Sphere (leader européen du secteur), qui s’est lancé dans la production de surblouses à usage unique pour les soignants. Là, ce sont des entreprises ou des fablabs qui ont prêté leurs imprimantes 3D pour fabriquer des visières. Là encore, c’est la filière mode et luxe tout entière qui s’est rapidement organisée, proposant de fabriquer les produits de première nécessité dans la lutte contre la maladie Covid-19. L’initiative, désormais baptisée Savoir faire ensemble (www.savoirfaireensemble.fr), regroupe quelque 830 entreprises de toutes tailles. La liste des initiatives pourrait remplir un bottin.
Esprit de coopération
Dans le domaine scientifique, on a vu aussi se multiplier des collaborations inédites, aux côtés de la recherche traditionnelle, de collectifs de makers [communauté de gens passionnés par les technologies qui font les choses par eux-mêmes], donnant les résultats de leurs recherches en accès libre. Des projets tels que « MakAir » – un respirateur artificiel simplifié –, porté par l’université de Nantes, le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes, le collectif Makers For Life, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies…
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