Temps de lecture 6 min
Extrait de l'hebdo n°3990
Seule organisation syndicale au sein du magasin situé à Chasseneuil-du-Poitou (Vienne / Nouvelle-Aquitaine) depuis dix ans, les militants ont su, en agissant sur la santé et la sécurité au travail, imposer leur marque et gagner peu à peu la confiance de leurs collègues. Une dynamique qu’ils entendent inscrire dans la durée.

En 2025, la section CFDT de Leroy Merlin a fêté son dixième anniversaire – une décennie riche en actions et en combats syndicaux. « Nous partions de très loin. Il y avait un sentiment de méfiance globale à l’encontre des organisations syndicales de la part des salariés et une direction alors peu encline au dialogue social », se souvient François Bourgeois, délégué syndical, élu CSE, à l’origine de l’implantation de la CFDT au sein de l’enseigne de bricolage et de jardinage chasseneuillaise, qui emploie 196 salariés. L’un des 146 magasins en France que compte Adeo, propriété de l’Association familiale Mulliez. À l’époque, tous les élus du site étaient sans étiquette. Alors, lorsque ce conseiller en vente prend sa décision, il entame une longue traversée du désert, confronté à l’indifférence, voire à l’incompréhension de ses collègues et à une direction peu réceptive.
La volonté d’améliorer l’environnement de travail
Pendant quatre ans, il va sillonner inlassablement les rayons à la rencontre de ses collègues, échanger, semer des graines en attendant qu’elles germent. Axel Puissesseau, 40 ans, conseiller au rayon peinture, sera le premier à le rejoindre, en 2019. « Je voulais essayer de faire bouger les choses et contribuer à l’amélioration de l’environnement de travail », explique Axel, qui est désormais délégué syndical et référent harcèlement. Ils seront cinq à s’engager dans la dynamique au cours des mois qui suivent. C’est donc avec fierté que François Bourgeois déposa une liste complète pour le scrutin de 2023. Avec, à l’issue des élections professionnelles, six élus sur quatorze. Tout cela est le fruit d’un travail de terrain et de pédagogie au long cours. « Si la présence nouvelle d’un syndicat au sein du CSE1 a pu inquiéter, nous avons su démontrer notre utilité dans le quotidien de nos collègues et la vie de notre magasin. »
Les questions de santé, de sécurité au travail et de troubles musculosquelettiques deviennent les chevaux de bataille de la section. Avec un certain succès, puisque le nombre d’accidents du travail a diminué drastiquement à la suite de la mise en place de mesures concrètes. « Nous en sommes à 171 jours sans accident du travail avec arrêt », s’enorgueillit François Bourgeois. Le taux de fréquence (TF) des accidents du travail2 diminue, quant à lui, régulièrement – passant de trente à quatorze entre 2023 et 2024. En d’autres termes, cela signifie que, pour un million d’heures travaillées, il y a eu quatorze accidents du travail avec arrêt.
Les deux syndicalistes tiennent toutefois à apporter une nuance. Si cette baisse est une bonne nouvelle, ils estiment que le fait d’avoir inclus le TF dans le calcul de la prime de performance collective peut conduire à une sous-déclaration du nombre d’accidents. « Nous restons donc particulièrement vigilants sur ce point. »
Nouveaux équipements et temps d’échauffement musculaire
En ce qui concerne les mesures mises en place, la section a travaillé sur le port des charges lourdes, en avançant l’objectif de limiter le port de charges supérieures à dix kilos au-dessus d’un mètre quarante. Si la CFDT a pu obtenir la réorganisation de plusieurs espaces de travail et de rayons, comme celui du chauffage, elle continue à donner de la voix à chaque réunion d’instance.
Parallèlement, et en lien avec le travail effectué dans les instances de dialogue social à l’échelle du groupe, les militants CFDT ont veillé au déploiement des actions en matière de renouvellement et d’optimisation des équipements de protection individuelle (EPI). « Nous sommes passés des chaussures de sécurité basses aux chaussures de sécurité hautes, garantissant un meilleur maintien articulaire et une protection renforcée des chevilles », explique Axel Puissesseau, sachant que les risques de torsion, d’entorse ou de chute de matériel sont inhérents aux manutentions effectuées par les salariés.
Grâce à l’impulsion des militants syndicaux du groupe, la section a également érigé l’échauffement musculaire en rendez-vous hebdomadaire obligatoire… et rémunéré. Avant chaque prise de service, pendant cinq minutes, les salariés pratiquent des exercices afin d’échauffer leurs muscles et articulations. Ces avancées et acquis, la CFDT ne manquera pas de les valoriser pendant la campagne en vue des élections qui se tiendront au début de l’année 2027.
L’espoir est de mise car les voyants sont au vert : ces dernières semaines, deux salariés de moins de 35 sont venus grossir les rangs de la section CFDT. « Nous pouvons aller plus loin car nous sommes déterminés à toujours faire entendre notre voix et à continuer d’améliorer le quotidien de nos collègues ! », affirme Axel Puissesseau.