Extrait de l’hebdo n°3893
Seize hypermarchés et 21 supermarchés, soit 37 magasins, vont sortir du périmètre Carrefour pour être exploités par des franchiseurs d’ici à 2024. Au total, depuis 2018, plus de 23 000 salariés sont sortis du groupe Carrefour.
Carrefour n’en démord pas et continue son mouvement d’externalisation de ses magasins. Vendredi 20 octobre, le distributeur alimentaire a annoncé le passage en location-gérance (autrement dit en franchise) de 37 nouveaux magasins d’ici à 2024, 16 hypermarchés et 21 supermarchés. Au total, depuis le lancement en 2018 du vaste plan de transfert de magasins « intégrés » au groupe à des repreneurs, 305 magasins auront été sortis du giron de Carrefour, soit 23 000 salariés, selon les calculs de la CFDT.
Dans un communiqué publié le 20 octobre, la Fédération CFDT des Services dénonce « la politique du groupe, qui est en fait un plan de restructuration déguisé, destiné à réduire les frais de personnel et à dénoncer les accords d’entreprise ». Car ce transfert de gestion a des conséquences concrètes pour les salariés : la perte du bénéfice des accords d’entreprise et deux mois de rémunération par an en moyenne.
“Un groupe qui trouve deux milliards d’euros pour racheter ses propres actions, avec un effet contestable, et un milliard pour racheter les magasins Cora et Match, c’est une entreprise qui a des ressources…”
« À la fin 2023, le groupe Carrefour aura racheté deux milliards d’euros de ses propres actions [en moins de trois ans] pour soutenir son cours de Bourse », poursuit la Fédération. « Plus personne ne comprend l’argument de Carrefour qui est de passer en location-gérance pour éviter les fermetures », souligne Sylvain Macé, le délégué syndical du groupe. « Un groupe qui trouve deux milliards d’euros pour racheter ses propres actions, avec un effet contestable, et un milliard pour racheter les magasins Cora et Match, c’est une entreprise qui a des ressources… mais pas pour entretenir et soutenir ses propres magasins, qui sont un peu laissés en perdition », ajoute-t-il.
Un rassemblement au Carrefour de Douai (Nord/Hauts-de-France), qui passera en location-gérance en janvier 2024, est prévu ce mardi 24 octobre. Face à la location-gérance, « nous étudions toutes les options, y compris juridiques. Et nous ne lâchons pas les équipes CFDT », précise Sylvain Macé.
Dans une tribune publiée le 19 septembre par Les Échos, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, et Véronique Revillod, secrétaire générale de la CFDT-Services, dénonçaient « une course infernale qui nuit à l’attractivité du secteur, à la qualité du service clients et donc à la pérennité des entreprises concernées. Les annonces du passage en franchise des magasins sont invisibles pour le grand public, mais ne le sont pas pour les salariés. […] Il est désormais urgent que le secteur tourne le dos à une tendance qui l’entraîne à sa perte et ne répond pas aux enjeux d’aujourd’hui ».