Après des années difficiles, la CFDT de Flunch remporte les élections

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iconeExtrait de l’hebdo n°3910

L’entreprise de restauration a connu un important plan social en 2021, qui a impacté le fonctionnement de la section CFDT. Les militants orange ont su renouveler l’équipe puis décrocher la première place lors des élections CSE, en novembre 2023.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 05/03/2024 à 13h00

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© Pascal Sittler/RÉA

L’année 2021 reste un souvenir douloureux pour les salariés de Flunch. Fragilisée par la pandémie de Covid-19, avec un modèle économique à bout de souffle, l’enseigne de restauration s’est lancée dans un plan social en vue de réduire son activité. Au total, 49 restaurants ont fermé et 980 emplois ont été supprimés, soit un peu plus de 20 % des effectifs. De quoi assombrir le moral de l’équipe CFDT.

« Nous avons perdu 41 % de nos militants à la suite du plan social, dont quatre délégués syndicaux », relate Grégory Dubois, délégué syndical central, élu au CSE d’établissement (CSEE) de son restaurant situé à Saint-Omer (Pas-de-Calais / Hauts-de-France) et au CSE central (CSEC), employé polyvalent chez Flunch depuis 1994. « Dix-sept restaurants où nous étions implantés ont fermé. Ça a été un séisme pour nous et toutes les autres organisations syndicales ! » Grégory ajoute : « Nous avons dû trouver des solutions, de nouveaux militants voulant s’impliquer » avec en perspective les élections professionnelles dans l’entreprise en novembre 2023.

Ciblage des zones où il n’y a pas d’implantation syndicale

« Nous avons donc lancé notre campagne électorale deux ans avant l’échéance », explique Éric Baudier. Employé polyvalent de Flunch depuis 2011, il est délégué syndical national en Île-de-France, élu au CSEE de son restaurant dans les Yvelines et au CSEC. « Nous avons mis en place un plan d’action et nous nous sommes réparti la tâche consistant à visiter les restaurants, se faire connaître, rencontrer les salariés. Nous avons ciblé les régions où il n’y avait pas d’implantation syndicale, comme les Pays de la Loire et la Bretagne », précise-t-il. La démarche fonctionne, des salariés s’engagent. Le contexte joue également : « Beaucoup de salariés ont commencé à réfléchir à leur engagement à la suite du PSE, pour défendre leurs intérêts, d’autant que la négociation du PSE a été violente. Heureusement, nous étions une intersyndicale très unie », souligne Éric.

Cela n’a pas empêché la CFDT de se démarquer dans la période : « Notre site internet a fait venir beaucoup de monde. Nous le mettons à jour très rapidement, donc les informations y sont toujours fraîches. Ça demande beaucoup d’efforts mais le résultat est là », indique Grégory. Cette réactivité a plu aux salariés : « À chaque réunion, nous avons produit un compte rendu. Chacun savait ce qui se disait et ce que l’on négociait. Durant la négociation, nous avons également créé deux boucles WhatsApp dans lesquelles étaient intégrés tous les militants et sympathisants afin qu’ils soient tenus informés. Des sympathisants ont fini par adhérer. »

Subrogation des salaires et limitation des soirs de fermeture

Le PSE conclu, le travail de négociation de la section CFDT s’est poursuivi durant l’année 2022. « L’entreprise nous a proposé un “contrat social”, un “package”. Il nous a semblé intéressant de négocier ce package, car même si l’entreprise voulait mettre en place l’annualisation du temps de travail, ce qui de prime abord ne nous convenait pas, cela nous a permis de concrétiser des revendications de longue durée, souligne Éric Baudier, comme la subrogation des salaires, les trois jours de carence qui disparaissent à l’occasion d’un premier arrêt maladie, la limitation du nombre de soirs de fermeture que les salariés effectuent dans la semaine… ». Il poursuit : « Pour l’annualisation, nous y allions à reculons mais, peu à peu, nous avons compris que l'enjeu, c’était aussi l’avenir de l’entreprise. » Conclu au début février 2023, cet accord comportait une sécurité importante pour les militants CFDT : « C’est un accord à durée déterminée, on pourra ne pas le renouveler », précise Grégory.

Dans ce contexte, appelés aux urnes en novembre 2023, les salariés de Flunch ont décidé d’accorder leur confiance aux militants CFDT, à hauteur de 36,38 % des suffrages exprimés. La CFDT a détrôné la CGT et est devenue la première organisation syndicale de l’entreprise. « Nous sommes très fiers de ce que nous avons fait », déclare Grégory. Éric ajoute : « Nous avons une pensée émue pour Claude Strohl, qui nous a quittés il y a quelques années. Il a créé la section et a beaucoup œuvré pour cette dynamique que nous avons poursuivie. »

À propos de l'auteur

Fabrice Dedieu
Journaliste

Après ces denses années, les militants s’accordent un peu de répit. Le collectif se réunira en septembre 2024 à Bierville (Essonne) pour « rediscuter de nos stratégies, mais aussi travailler sur un guide des droits des salariés Flunch, car les salariés ont énormément de questions. Ce guide leur sera utile », annonce Éric. Selon Grégory, ce nouveau mandat permettra de « consolider ce que nous avons obtenu, rester dans les valeurs de la CFDT… et commencer la nouvelle campagne ». Rendez-vous en 2027 !