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Extrait de l'hebdo n°3967
La filiale agroalimentaire de Groupement Mousquetaires vient d’annoncer la cession de huit de ses 56 usines. Parmi elles, quatre sites spécialisés dans les produits de la mer, jugés insuffisamment rentables. Le choc pour les quelque 1 200 salariés concernés.

La menace planait depuis quelques semaines déjà. Elle a fini par tomber. Le 22 mai, la direction d’Agromousquetaires, le pôle agroalimentaire (qui produit des marques de distributeurs vendues dans les enseignes Intermarché ou Netto) du Groupement Mousquetaires a annoncé sa décision de céder huit de ses 56 unités de production. Quatre d’entre elles font partie du « pôle mer » (conditionnement de produits de la mer vendus sous les marques Capitaine Cook et Capitaine Houat), dont le site de Boulogne-sur-Mer et deux usines en Bretagne. Le pôle « pain et viennoiseries » est également impacté : l’usine le Fournil du Val de Loire (près de Tours) figure dans le lot des unités à vendre. Tout comme une usine de conditionnement de céréales pour petits déjeuners, basée en Ardèche. Au total, ce sont quelque 1 200 salariés (sur les 11 000 de l’ensemble des sites) dont l’avenir s’est brusquement obscurci.
Désengagement
Ce plan de cession intervient dans le cadre d’un vaste plan de « redéploiement » et de recentrage des activités du groupe. Pour la direction, il s’agit de se séparer des usines les moins performantes et d’investir là où elles sont le plus compétitives. Mais surtout, il s’agit de recentrer les activités pour sécuriser l’approvisionnement de leurs magasins en produits dits de première nécessité (bœuf et porc, lait, eau…). « C’est une logique économique qui oublie le facteur humain », déplore Vincent Boutemy, le coordinateur CFDT du comité de branche Agromousquetaires. Dans les huit usines qui vont être cédées, il a pu constater l’angoisse et le désespoir de certains salariés. « Et maintenant, on va demander à ces salariés de continuer à produire, alors qu’ils ne savent pas ce qu’ils vont devenir. Est-ce qu’ils vont être repris ? Si oui, par qui ? Par des groupes fiables ? Cela fait beaucoup d’incertitudes », s’alarme-t-il. Sans compter « qu’aujourd’hui, ce sont huit usines qui sont cédées. Mais nous ne sommes pas à l’abri que cela continue. Et que d’ici à dix ans, on se retrouve avec 20 à 25 usines. »

L’annonce du plan de cession est en effet ressentie comme « un début de désengagement, qui va s’étaler dans le temps, et qui pourra avoir également des conséquences indirectes de réduction de l’emploi sur l’ensemble des équipes support », précise le communiqué signé de l’intersyndicale d’Agromousquetaires. Vincent Boutemy le confirme, lui qui travaille dans le groupement depuis trente-huit ans : « Il y a dix ans, on était à 65 usines. » Reste que la CFDT mettra tout en œuvre pour veiller aux moyens mis par le groupe pour préserver l’emploi, comme elle veillera au choix des repreneurs, et soutiendra et accompagnera les salariés dans cette période difficile.