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Extrait de l’hebdo n°3883
Organisations syndicales et patronales étaient reçues ensemble à Matignon ce 12 juillet pour jeter les bases d’un nouvel agenda social. Alors que la plaie de la période retraites est encore ouverte, la CFDT réaffirme la nécessité d’un engagement fort du gouvernement. À la sortie, elle s’estime plutôt satisfaite.

Dans un climat social empreint de fortes tensions et d’un niveau de colère croissant, la CFDT arrivait ce 12 juillet à la multilatérale présidée par Élisabeth Borne avec une exigence : obtenir du gouvernement des engagements et des actes forts qui commencent par la place donnée à la démocratie sociale. Après deux heures d’échanges, une fois sur le perron de Matignon, Marylise Léon évoque « une rencontre utile qui permet enfin d’avoir quelques actes posés ». Alors que le gouvernement a beaucoup parlé, ces dernières semaines, des enjeux de changement de méthode, « on a aujourd’hui quelques éléments de réponse », poursuit la secrétaire générale de la CFDT.
Une large palette de sujets à traiter
Il faut dire que les partenaires sociaux n’arrivaient pas les mains vides : l’agenda social trouvé début juillet entre organisations syndicales et patronales offre une palette de sujets sur lesquels les uns et les autres vont devoir plancher ces douze prochains mois. Certains relèveront exclusivement du champ paritaire. « D’autres ont besoin de l’engagement du gouvernement », assure la CFDT, qui souhaite, à l’instar de la majorité des organisations, « remettre le travail au cœur des discussions dès la rentrée. »
« Les cortèges en début d’année n’étaient pas les cortèges du désespoir mais bien de personnes inquiètes qui voulaient que l’on parle de leur travail, de leur capacité à se maintenir en emploi après 55 ans quand on n’a plus accès à la formation professionnelle et qu’on ne supporte plus ses conditions de travail. » Sur les questions d’usure professionnelle, de reconversion, de fins de carrière et d’aménagement du temps tout au long de la vie (Cetu), la CFDT attendait donc du gouvernement un document d’orientation concerté. Au terme de la rencontre, elle confirme qu’il y aura « une ou plusieurs négociations sur ces sujets qui intéressent directement les travailleurs ».
Coup de pouce
Une autre question s’annonce centrale (et prioritaire) pour la majorité des citoyens : le pouvoir d’achat. Si la CFDT est plus que jamais convaincue que « c’est aux employeurs, dans les entreprises et les branches, de répondre à cette attente, » elle demande au gouvernement de les y inciter plus fortement, « en conditionnant les exonérations de cotisations pour les entreprises qui ne jouent pas le jeu de la négociation sur les salaires ». Un bon moyen, selon elle, de « redonner de la vitalité à la négociation ».
Sans surprise, la question des ordonnances travail est également revenue sur le haut de la pile. Alors que le patronat ne souhaite pas rouvrir le dossier, toutes les organisations syndicales, sans exception, ont interpellé l’exécutif pour « remettre l’ouvrage sur le métier et donner aux représentants des salariés les moyens d’exprimer les réalités du travail ».
Quelle marge de manœuvre accordée aux partenaires sociaux ?
De son côté, la Première ministre retient « des échanges très constructifs », fruit d’un « gros travail entre organisations syndicales et patronales au cours de ces dernières semaines pour bâtir un agenda social » – dont certains sujets relèvent exclusivement des partenaires sociaux et d’autres qui requièrent un document d’orientation du gouvernement. « Nous ferons des documents larges qui laissent toute leur marge de dialogue aux partenaires sociaux », assure-t-elle. Elle réitère également son « engagement à transcrire fidèlement et intégralement dans la loi les accords qui seraient trouvés, signe de la confiance que j’ai dans le dialogue social à apporter des réponses aux salariés dans notre pays ».
Un premier document de cadrage devrait partir dès la fin juillet sur l’épineuse question de l’assurance chômage, dont la convention arrive à échéance le 31 décembre. Le ou les documents d’orientation relatifs aux sujets relevant de l’article L1 du code du travail (qui prévoit que le gouvernement encadre les négociations par un document d’orientation) feront quant à eux l’objet d’une concertation préalable… sans doute à la fin de l’été, en vue de pouvoir entamer les discussions à la rentrée.