Universités recherchent budgets

temps de lecture Temps de lecture 5 min

icone Extrait de l'hebdo n°3980

La CFDT Éducation Formation Recherche publiques a rappelé les fondamentaux de son action en faveur de la culture et de la recherche académique lors de sa conférence de presse de rentrée qui avait lieu le 29 septembre dernier, dans un contexte politique et budgétaire incertain.

Par Claire NillusPublié le 30/09/2025 à 12h00

image
© Syndheb

D’un côté, des établissements de plus en plus nombreux à ne pas pouvoir boucler leur budget ; de l’autre, une injonction à accueillir toujours plus d’étudiants sans moyens supplémentaires. Cette année encore, les remontées de terrain des équipes CFDT confirment une situation préoccupante dans l’enseignement supérieur et la dégradation des conditions de travail et d’études. Mais, comme pour le reste du service public, le budget proposé par le gouvernement Bayrou n’était pas satisfaisant, d’autant que « les années de sous-financement s’accumulent », souligne Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la Fédération Éducation Formation Recherche publiques (CFDT EFRP). « Nous attendons maintenant, non sans inquiétude, la nomination du nouveau gouvernement et ses propositions en matière budgétaire. C’est pourquoi nous appelons massivement à manifester le 2 octobre prochain afin d’obtenir un cadre budgétaire respectueux du monde du travail et à la hauteur des besoins du pays sans obérer la préparation de l’avenir. »

Des mesures à concrétiser d’urgence

Plus spécifiquement, la CFDT attend du prochain gouvernement qu’il mène à son terme plusieurs mesures annoncées par le ministre démissionnaire, dont le projet de loi régulant l’enseignement supérieur privé. Ce nouveau cadre légal devait instaurer – enfin – un contrôle des établissements d’enseignement supérieur privés et protéger les étudiants, leur famille et les salariés desdits établissements. Les deux fédérations CFDT de l’enseignement, EFRP (pour le public) et FEP1 (pour le privé) ont travaillé conjointement sur ce qu’elles considèrent comme une urgence : lutter contre des pratiques déloyales et faire reconnaître par le ministère les formations proposées.

La CFDT EFRP demande également à l’État de respecter ses engagements dans le cadre de l’accord majoritaire « carrière et rémunération », qu’elle avait négocié et signé afin d’obtenir des rattrapages de salaire pour les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche. « Aujourd’hui, c’est la douche froide : on nous annonce que ces mesures sont retardées. »

Une intensification du travail

Les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous), de leur côté, « doivent faire face à une intensification du travail, et le découragement général guette ». Un exemple illustre très concrètement la situation : le repas à un euro. Cette mesure louable, accueillie favorablement par le personnel des Crous, a généré une fréquentation beaucoup plus élevée des restaurants universitaires sans que des moyens humains supplémentaires leur soient alloués. De même, partout dans le réseau, les demandes d’aides sociales s’accroissent et le personnel ne parvient pas à faire face. « Nous voulons une réflexion sur le modèle économique des Crous afin de mieux prendre en compte les réalités professionnelles des agents. »

La recherche mise à mal

À propos de l'auteur

Claire Nillus
Journaliste

Les conséquences de l’absence de moyens pèsent finalement sur le système universitaire tout entier, en fragilisant gravement l’autonomie des universités et en les poussant à aller chercher des financements privés. Or l’autogouvernance des universités est « son essence même et la garantie de sa qualité », réaffirme avec force la CFDT, au moment où la science est remise en cause de manière brutale, notamment par la politique de Donald Trump, sur des sujets aussi cruciaux que le réchauffement climatique ou la surveillance épidémiologique. « Toutes ces attaques font beaucoup de mal à la recherche, au progrès de la connaissance et à la démocratie elle-même. » Plus que jamais, la CFDT soutient la culture académique et le monde scientifique – comme elle l’a fait en juin 2025 en apportant son appui au Programme national d’aide à l’accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil (Pause), piloté par le Collège de France.