Transition écologique : la Cour des comptes suggère une action urgente

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icone Extrait de l'hebdo n°3979

Dans leur premier rapport annuel portant sur la transition écologique (publié le 16 septembre), les magistrats de la rue Cambon constatent que les politiques publiques en la matière “manquent encore de clarté, de cohérence et de pilotage efficace”, et formulent différentes recommandations.

Par Emmanuelle PiratPublié le 23/09/2025 à 12h00

Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, a présenté, le 16 septembre dernier, le premier rapport annuel consacré à la transition écologique.
Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, a présenté, le 16 septembre dernier, le premier rapport annuel consacré à la transition écologique.© Éric Tschaen/RÉA

« La dégradation continue et avérée de notre environnement appelle une action urgente pour en limiter les impacts » : voilà l’une des premières phrases du rapport (intitulé Entités et politiques publiques – La transition écologique) qu’a rendu tout récemment la Cour des comptes. Et cette action doit être « menée sans délai » car, rappellent les magistrats, « le coût de la transition, bien inférieur à celui de l’inaction, va croître avec le retard pris dans la conduite des transformations ». Les magistrats étayent leur propos en se référant à ce qui se passe dans le monde entier, où les dérèglements environnementaux ont provoqué des coûts économiques directs évalués à environ 300 milliards d’euros en 2024, un montant en progression constante depuis 2015. Et ils estiment qu’en France, « un scénario de statu quo des politiques menées face au dérèglement climatique entraînerait une perte de 11,4 points de PIB à l’horizon 2050 ».

Des résultats fragiles et insuffisants

Pour l’heure, observent les magistrats, « les politiques de transition déjà engagées produisent des résultats positifs mais encore fragiles et parfois insuffisants ». Si des « progrès sensibles » peuvent être soulignés en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre (GES) – qui ont diminué sur le territoire national de plus de 30 % entre 1990 et 2023 –, « ces efforts ne sont désormais plus suffisants pour remplir les engagements climatiques de la France. Ils doivent donc s’intensifier pour respecter la trajectoire ». Rappelons que cette dernière vise une réduction de 55 % des émissions de GES d’ici à 2030 et la neutralité carbone d’ici à 2050.

Alors, comment redresser la barre ? Afin de renforcer le pilotage des politiques publiques en faveur de la transition écologique, les magistrats préconisent par exemple de redonner un rôle plus important au secrétariat général à la planification écologique (SGPE), dont « la position […] a été fragilisée et son influence sur la prise de décisions réduite ».

Flou et incertitudes

À propos de l'auteur

Emmanuelle Pirat
Journaliste

Il apparaît également indispensable de clarifier les trajectoires financières et de « mieux articuler les programmations climatiques et des finances publiques ». Aussi, la stratégie pluriannuelle des financements de la transition écologique (dont une première édition a été réalisée à l’automne 2024) doit donner le cap des investissements nécessaires. Le chiffrage de ces investissements semble lui aussi trop lacunaire. Dans ce contexte de flou et d’incertitudes, il demeure difficile de mobiliser les investissements privés, absolument indispensables compte tenu de l’état des finances publiques. À l’évidence, ce rapport de la Cour des comptes constitue un véritable plaidoyer afin que la transition écologique soit considérée comme une grande priorité.