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Extrait de l’hebdo n°3945
Un tiers des effectifs du no 1 des centres d’appels pourrait être concerné par le plan de départs volontaires que l’entreprise entend mettre en place au premier semestre 2025. Un plan de réorganisation des sites et une révision complète des accords collectifs sont également envisagés, ce qui fait craindre le pire à la CFDT.
L’annonce est tombée comme un coup de massue, le 19 novembre dernier. La direction de Teleperformance (1 900 salariés répartis dans treize sites en France) a déclaré vouloir lancer un plan de départs volontaires qui concernerait 598 postes, soit un tiers des effectifs de cette filiale française du no 1 mondial de la relation client. La direction justifie sa décision par des raisons économiques, voulant « restaurer la compétitivité et assurer sa pérennité dans un environnement de plus en plus concurrentiel ».
Cette analyse n’est pas partagée par Sébastien Manhaudier, délégué syndical central (DSC) adjoint : « Cela fait une dizaine d’années que la situation de l’entreprise en France n’est pas bonne et que l’activité de ses sites baisse – à la différence de l’international, où les affaires se portent très bien. Dans l’Hexagone, nous payons des années de changements de cap fréquents : changement de direction, de gouvernance… La politique commerciale est devenue totalement incohérente, avec des priorités qui changent tout le temps. »
Une incontestable régression sociale
La situation a empiré depuis l’an dernier avec le rachat de Majorel – autre acteur de la relation client comptant quelque 7 000 salariés et directement concurrent de Teleperformance mais qui, à l’inverse, connaît une activité profitable en France. « On se doutait que ce rachat serait suivi de réorganisations », indique Franck Herrmann, secrétaire national de la Fédération Communication Conseil Culture. D’ailleurs, « depuis le rachat de Majorel, près de 200 encadrants ont quitté Teleperformance, préférant anticiper les difficultés », note Sébastien.
L’hémorragie risque de ne pas cesser : outre l’annonce du plan de départs volontaires, est prévue une révision complète des accords collectifs (temps de travail, rémunérations, intéressement, prévoyance, télétravail…). « Ce qui se profile, c’est une régression sociale, un nivellement par le bas des conditions de travail chez Teleperformance en vue de s’aligner sur celles de Majorel », explique le délégué syndical, alors même que lesdites conditions étaient connues pour être un peu meilleures chez Teleperformance. « Nous étions les seuls à avoir un treizième mois ! », précise Franck.
Vers une fusion entre Teleperformance et Majorel ?
Un projet de complète réorganisation des sites en quatre « pôles d’excellence spécialisés » (avec regroupement de sites satellites) est sur la table et inquiète au plus haut point les représentants des salariés. « Cela risque de provoquer la fin de certains sites, principalement dans le sud de la France », s’alarme Sébastien, quand bien même la direction assure pour l’instant qu’aucun site ne sera fermé. Un accord de méthode est en cours de négociation. La direction a fait part de sa volonté d’aller vite : elle souhaite enclencher son plan de départs volontaires au plus tard dans le courant du premier semestre 2025. Les représentants du personnel craignent que toutes ces manœuvres préludent à la fusion entre Teleperformance et Majorel.