Premiers pas militants chez Matériel Ferroviaire d’Arbérats abonné

Mécontents des relations sociales dans leur entreprise, Guillaume et Serge ont décidé de changer la donne en implantant la CFDT. Grâce à un parcours de formation proposé par la CFDT-Métallurgie, ces deux collègues deviennent progressivement des militants aguerris.

Par Jérôme CitronPublié le 10/08/2018 à 07h29

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Chez Matériel Ferroviaire d’Arbérats (MFA), la CFDT est née d’un banal conflit salarial. En 2016, près d’une centaine de salariés cesse le travail pendant dix jours. Dans cette fonderie spécialiste de la fabrication de cœurs de croisement ferroviaires, ce conflit va laisser des traces. Mais cette première grève dure du personnel n’a guère permis les avancées promises par les meneurs. Créée en 2009, l’entreprise MFA est alors en pleine croissance. Le nombre de salariés est passé en quelques années de 30 à une bonne centaine, et le carnet de commandes ne désemplit pas. Nichée dans la campagne basque, à une heure de voiture de Bayonne et de l’Espagne, l’usine est sur un marché de niche qui ne connaît pas la crise. « Nos revendications étaient légitimes, mais la négociation salariale avait été mal préparée, se souvient Guillaume Mercier. Nos élus refusaient de dialoguer avec la direction pour trouver un accord et poussaient les salariés à la grève sans véritable stratégie. C’est à ce moment que je me suis décidé à monter une autre force syndicale. »

Deux salariés mécontents dans l’aventure militante


L’importance du premier contact
Guillaume et Serge ont rejoint la CFDT car l’organisation a su répondre à leurs attentes. Lorsqu’ils se sont présentés aux élections professionnelles, ils n’avaient pas en tête un syndicat en particulier. « Je savais que je ne voulais pas aller à la CGT, mais j’hésitais entre la CFDT et FO », se souvient Guillaume. Après avoir cherché sur internet, ils ont pris contact avec le secrétaire du Syndicat CFDT de la métallurgie Pays basque-Landes, qui les a reçus et convaincus qu’ils avaient frappé à la bonne porte.

La force du réseau CFDT
En quelques mois, Guillaume et Serge ont bénéficié de douze jours de formation. Ce parcours militant à grande vitesse a été rendu possible grâce au travail de l’Union Mines-Métaux CFDT d’Aquitaine, qui propose de nombreuses formations dans toute la région. Les élus ont ainsi le choix des dates et des villes en fonction de leur disponibilité.

Le sens du dialogue
La marque de fabrique de la section CFDT de MFA est sa volonté d’instaurer un véritable dialogue social dans l’entreprise. En cela, elle se distingue des pratiques syndicales qui avaient cours dans l’entreprise. « Nous en sommes encore à essayer de régler la question des rémunérations de l’année 2016 pour enfin attaquer dans la foulée 2017, souligne Guillaume. Ce n’est pas normal. La direction et les représentants syndicaux doivent évoluer et gagner en professionnalisme. Pas étonnant que nous ayons du mal à recruter de nouveaux salariés ! »

Dans l’entreprise, il n’y avait qu’une seule organisation syndicale, et pas n’importe laquelle : le LAB (Langile Abertzaleen Batzordeak). Ce syndicat, présent sur l’ensemble du Pays basque, côté espagnol comme côté français, a la réputation d’être dur et d’être soutenu par la population car proche de la mouvance indépendantiste. Venu du nord de la France, Guillaume ne s’est pourtant pas laissé impressionner. Embauché au démarrage de la fonderie, il fait partie des anciens, et ses collègues connaissent son sérieux et son implication dans l’entreprise. Il avait d’ailleurs été désigné secrétaire du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) quelques années plus tôt. Quand il fait part de ses intentions à son collègue Serge Montagut, ce dernier accepte de tenter l’aventure avec lui : « Je faisais partie des salariés extrêmement mécontents de la manière dont la grève avait été menée et qui le faisaient savoir… »

À quelques mois des élections professionnelles, il faut faire vite. La petite équipe se renseigne sur internet et ne tarde pas à rencontrer Jean-Claude Labadie, le secrétaire du Syndicat CFDT de la métallurgie Pays basque-Landes, qui va les mettre en selle. Deux mois plus tard, en décembre 2016, ils obtiennent près de 20 % des voix aux élections professionnelles, intègrent le comité d’entreprise (CE) et entament leur aventure militante.

« Au début, c’était le chaos total, en rit Serge. Tous les élus étaient novices. Les anciens représentants du personnel étaient partis ou n’avaient pas été réélus. Personne ne savait ce qu’il fallait faire. » Côté direction, ce n’était guère mieux : l’entreprise avait grossi sans prendre le temps de construire un service des ressources humaines digne de ce nom. Guillaume et Serge peuvent heureusement se tourner vers la CFDT afin de parer au plus pressé. « On appelait Jean-Claude pour savoir ce que l’on pouvait faire ou dire. »

Très vite, ils vont prendre de l’assurance, notamment grâce aux…

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