Non au démantèlement de SFR

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icone Extrait de l'hebdo n°3978

La CFDT s’oppose au plan de restructuration financière de la dette d’Altice France conclu entre Patrick Drahi, le PDG du groupe (maison mère de SFR), et ses créanciers. Les modalités de ce plan, validé cet été par le tribunal des affaires économiques de Paris, pourraient conduire à la vente de SFR.

Par Emmanuelle PiratPublié le 16/09/2025 à 12h00

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© Laurent Grandguillot/RÉA

Pot de terre contre pot de fer ? C’est en tout cas ce qu’évoque la lutte des représentants syndicaux de SFR contre le plan de désendettement d’Altice France, la maison mère de SFR. Depuis le 4 août dernier (date à laquelle le tribunal des affaires économiques de Paris a validé ce plan de désendettement du groupe), les organisations syndicales sont vent debout – ou, plus précisément, les représentants CFDT et Unsa de SFR et ceux du CSEC1 d’Altice France.

Rappelons que ce plan, issu d’un accord trouvé en février 2025 entre Patrick Drahi, PDG fondateur d’Altice France, et ses créanciers, doit permettre de réduire le montant de la dette du groupe de 24 à 15 milliards d’euros. Les échéances de remboursement de cette dette abyssale arrivant entre 2025 et 2026, il était devenu urgent pour l’entrepreneur milliardaire de trouver une porte de sortie.

Le risque de la vente de SFR

Aux yeux des représentants syndicaux, en revanche, ce plan a tout d’une imposture. « Non seulement il ne résoudra pas les vrais problèmes d’endettement du groupe mais il risque de mettre plusieurs de ses entreprises en difficulté », explique Olivier Lelong, délégué syndical central CFDT de SFR. De quelle manière ? « Le plan intègre trois sociétés du groupe dans l’opération, dont SFR, en leur faisant porter des garanties. Alors que SFR ne s’est jamais endetté et reste une entreprise solide et rentable – on fait encore 10 milliards de chiffre d’affaires par an, avec 30 % de marge –, on se retrouve à supporter la dette du groupe. À terme, cela risque de se traduire par la vente de SFR. »

Jugement en appel attendu début novembre

Avec les collègues de l’Unsa et les représentants du CSEC d’Altice France, la CFDT de SFR est montée au créneau en lançant une procédure visant à faire appel de la décision du 4 août (l’audience d’appel est fixée au 4 novembre 2025) ; elle a également engagé une demande dite de référé suspension qui aurait permis de bloquer l’exécution du plan. Malheureusement, une première déconvenue s’est produite le 11 septembre dernier puisque la cour d’appel de Paris a débouté les organisations syndicales. Il n’y aura donc pas de suspension du plan… « Cela laisse donc à Altice France la possibilité de poursuivre la restructuration de sa dette sans attendre que les juges professionnels examinent sur le fond l’appel que nous avons formé », dénonce Olivier, estimant que des arguments autres que juridiques ont pesé dans la décision du tribunal. « Si l’on avait jugé en droit, le plan lui-même n’aurait jamais été validé ! »

“On ne laissera pas notre entreprise se faire piller”

À propos de l'auteur

Emmanuelle Pirat
Journaliste

« Les pratiques de Patrick Drahi, pour qui l’endettement n’est pas un problème mais un mode de conduite de ses affaires, sont dénoncées depuis des années », rappelle Olivier Lelong, selon qui la « méthode Drahi » s’est systématiquement concrétisée par des LBO2 et des rachats d’entreprises par l’endettement. « Cette méthode draine les liquidités vers la maison mère et laisse le reste exsangue », affirme Olivier. C’est justement une mort annoncée qu’il souhaite à tout prix éviter à SFR. « On ne laissera pas notre entreprise se faire piller par son actionnaire. »