L’ultime alarme du Giec

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iconeExtrait de l’hebdo n°3867

“Agir plus vite et plus fort” si l’on veut encore avoir une chance de garantir un monde vivable pour tous. Tel est le message du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat dans la synthèse de son sixième rapport d’évaluation publiée le 20 mars.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 29/03/2023 à 12h00

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© Jean-Claude Moschetti/RÉA

Il n’est pas trop tard mais la fenêtre de tir pour tenir les objectifs de limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C est de plus en plus étroite. Tel est en substance le message délivré par les membres du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) dans leur dernier rapport d’évaluation.

Ce document (qui est en fait la synthèse de six précédents rapports élaborés au long d’un cycle de travaux de huit années) constitue la version la plus actualisée des consensus scientifiques relatifs au réchauffement climatique. Il est accompagné d’un document « pour les décideurs » qui brosse à la fois un tableau de la situation actuelle, des évolutions attendues et des pistes de solutions. L’ensemble constitue à lui seul « un guide de survie pour l’humanité », selon le secrétaire général de l’ONU, qui rappelle l’urgence de déployer et d’accélérer les efforts. Car les politiques et les décisions prises jusqu’à présent – bien qu’elles soient considérablement plus importantes qu’en 2014 (année de la dernière synthèse du Giec) – restent largement en deçà de ce qu’il faudrait, tant en termes de rythme que d’échelle.

Alors que la limite d’accroissement des températures de 1,5 °C devrait être franchie au début des années 2030, nos actions (ou inactions…) actuelles vont déterminer l’ampleur des dérèglements climatiques sur le long terme. Le rapport observe d’ailleurs que pour chaque fraction de degré supplémentaire, les risques associés augmentent et deviendront plus difficiles à gérer ; il faut donc massifier les investissements.

Une nécessaire réorientation des capitaux vers l’action climatique

À ce sujet, les besoins annuels moyens modélisés d’atténuation pour la période 2020-2030 sont trois à six fois supérieurs aux niveaux actuels (dans des scénarios limitant le réchauffement à 1,5 °C ou 2 °C). Ainsi, le total des investissements d’atténuation (publics, privés, nationaux et internationaux) « devrait augmenter dans tous les secteurs et dans toutes les régions ». Mais le rapport du Giec l’assure : il y a suffisamment de capitaux à l’échelle mondiale pour combler les déficits d’investissement. C’est aux « obstacles à la réorientation des capitaux vers l’action climatique » qu’il faut désormais s’atteler.

« Nous sommes dans les arrêts de jeu. Il n’y a plus de temps à perdre. Il faut investir massivement dans les transitions, pas simplement sur la question de la décarbonation, et en finir avec des politiques de subventions qui n’aboutissent qu’à faire perdurer les mêmes “business models” », souligne Fabien Guimbretière, secrétaire national CFDT chargé de la transition écologique et des politiques industrielles.