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Extrait de l’hebdo n°3864

L’annonce, début février, par le chef de l’État d’une réforme majeure de la gouvernance du nucléaire en France concentre les inquiétudes et l’incompréhension de toute une filière. Dans la foulée du premier Conseil de politique nucléaire, l’exécutif affiche en effet sa volonté d’une refonte en profondeur de l’organisation de la sûreté nucléaire, qui consisterait à fusionner en « un pôle unique et indépendant » les compétences techniques de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et celles de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Objectif affiché : renforcer l’indépendance du contrôle et « fluidifier le processus d’examen et de prise de décision » afin de répondre à la hausse d’activité liée à la relance de la filière. Pour les salariés de l’IRSN, la réalité est toute autre.

700 salariés de l’IRSN devant l’Assemblée
Voyant grossir le risque d’un rapprochement entre l’expertise technique et la prise de décision politique mais aussi la perte d’autonomie des deux organismes qui concourrait jusqu’alors à l’efficacité de la sûreté nucléaire, 700 des 1 750 salariés de l’IRSN se sont d’ailleurs rassemblés le 28 février devant l’Assemblée nationale, où a commencé l’examen du projet de loi sur l’accélération du nucléaire. Un tel bouleversement dans la gouvernance de la sûreté nucléaire en France, « annoncé sans aucune concertation [ni] aucun diagnostic préalable n’est pas de nature à maintenir la confiance de la population dans l’énergie nucléaire », affirment dans un communiqué commun la CFDT-Métallurgie, la CFDT-Chimie-Énergie et la Confédération, selon lesquelles « la sûreté [est] un enjeu clé de l’acceptabilité sociale ».
Une demande formelle de rencontre avec la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a été adressée par la CFDT pour qu’une concertation soit menée avant d’envisager tout changement organisationnel majeur. « Il s’agit d’apporter les garanties que les expertises et compétences exercées par les salariés de l’IRSN ne seront pas fragilisées dans cette période cruciale », conclut le communiqué commun.