Les luttes des femmes iraniennes et afghanes à l’honneur

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iconeExtrait de l’hebdo n°3877

Le 31 mai, une table ronde sur les conditions de vie et de travail des femmes était organisée à la Confédération. Un temps d’échange essentiel pour la CFDT, qui entend maintenir l’attention sur la situation dramatique vécue par les femmes de ces deux pays et réaffirmer sa détermination à soutenir et défendre leurs droits partout dans le monde.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 06/06/2023 à 12h00

De gauche à droite : Chahla Chafiq, la secrétaire nationale Béatrice Lestic, Shoukria Haidar, Habiba Fakhri et Darya Djavahery-Farsi.
De gauche à droite : Chahla Chafiq, la secrétaire nationale Béatrice Lestic, Shoukria Haidar, Habiba Fakhri et Darya Djavahery-Farsi.© Syndheb

« Courage », « détermination », « fierté » : ces mots sont revenus à plusieurs reprises durant les interventions des quatre militantes iraniennes et afghanes. Ils définissent avec justesse les femmes de ces deux pays qui luttent pour leur liberté et leur vie. « En tant qu’organisation féministe, il est essentiel de mettre en lumière les luttes de ces femmes et les associations qui leur viennent en aide », explique Béatrice Lestic, secrétaire nationale chargée de l’international et des droits des femmes. Si les contextes afghan et iranien diffèrent, un même objectif est poursuivi par les pouvoirs en place : soumettre les femmes. « Le corps des femmes et le sexisme sont au cœur du projet des talibans et des mollahs – un projet de terreur et fascisant », résume Chahla Chafiq, sociologue et autrice iranienne de plusieurs ouvrages sur la dimension totalitaire de l’islamisme.

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© MNE/Syndheb

En Iran, les femmes font face à la police des mœurs et à la politique répressive du régime des mollahs depuis l’assassinat de la jeune Mahsa Amini, en septembre 2022. « Nous avons en face de nous un pouvoir avec une idéologie islamiste qui véhicule la terreur à l’égard des femmes, poursuit Chahla Chafiq, qui souligne qu’il s’agit d’un projet politique de grande ampleur. S’ils s’attaquent d’abord à elles, ce sont aussi les mouvements étudiants et ouvriers qui sont réprimés, et enfin les hommes eux-mêmes. »

Apartheid de genre

Malgré des milliers d’arrestations, la torture et les condamnations à mort, c’est sans discontinuer que les Iraniennes et les Iraniens se mobilisent aux cris de « Femme, vie, liberté », face à un pouvoir qui promeut une idéologie masculiniste, rappelle Darya Djavahery-Farsi, présidente de Neda d’Iran, association qui porte la voix du peuple iranien dans ses revendications. « L’État construit sa propagande autour de l’image du soldat et de la masculinité. »

En Afghanistan, les talibans s’acharnent à effacer les femmes de l’espace public en organisant un apartheid de genre. « Ils séparent les jeunes garçons de leur famille, les éduquent, les élèvent et font en sortent qu’ils n’aient aucun contact avec leur mère, leur sœur, leur cousine », explique Shoukria Haidar, professeure d’éducation physique, ancien membre du comité olympique afghan et fondatrice de l’association Negar, Soutien aux femmes d’Afghanistan.

Entretenir l’espoir

1. National Union of Afghanistan Workers and Employees.

« Depuis leur retour, les talibans ont converti le pays en un enfer », résume Habiba Fakhri, vice-présidente du Syndicat national des travailleurs et employés afghans (NUAWE1). Violences, interdiction de travailler, d’étudier, restriction de l’accès aux soins… : les modestes progrès observés entre 2001 et 2021 ont été réduits à néant. Et toutes ces mesures illégitimes poussent les femmes vers la grande précarité. Elles sont pourtant nombreuses à braver les interdits, au péril de leur vie. C’est ainsi que les écoles clandestines se multiplient à travers le pays. « Nous faisons tout pour entretenir l’espoir », explique Shoukria Haidar, qui est d’ailleurs à l’origine de l’ouverture de plusieurs établissements scolaires clandestins.

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Ces combats, la CFDT continuera de les soutenir sans relâche, à l’image de son engagement ayant permis de faire exfiltrer les syndicalistes afghans de la NUAWE, il y a deux ans. « La défense de la démocratie, des droits humains et syndicaux partout dans le monde, des droits des femmes sont dans l’ADN de la CFDT. La solidarité fait partie de nos cinq valeurs fondatrices – et ce n’est pas juste un mot », conclut Mathilde Panhaleux, secrétaire confédérale du service International.